EDF à Hinkley Point: Hollande «favorable à ce que ce chantier puisse se faire»
François Hollande a affirmé mardi sur Europe 1 qu'il était ...© 2016 AFP
François Hollande a affirmé mardi sur Europe 1 qu'il était «favorable» à ce que le chantier d'Hinkley Point au Royaume-Uni «puisse se faire», alors que le coût de ce projet de construction de deux réacteurs EPR suscite des interrogations au sein du gouvernement et des syndicats.
«Je suis favorable à ce que ce chantier puisse se faire, le président d'EDF a demandé aux salariés d'être consultés et il y aura donc une enquête qui sera menée, une expertise qui sera faite et qui, dans les prochaines semaines, donnera sa vérité», a déclaré M. Hollande.
Le projet d'Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre, est vivement contesté par les syndicats d'EDF qui demandent son report de deux ou trois ans, de crainte que son coût de 18 milliards de livres (environ 23 milliards d'euros) ne compromette la viabilité du groupe.
Fin avril, la direction de l'entreprise avait décidé d'accéder à leur demande de longue date de consulter le comité central d'entreprise (CCE). Celui-ci a décidé la semaine dernière de recourir à une expertise externe, reportant une nouvelle fois la décision finale d'investissement.
«Il est très important de faire comprendre que nous avons besoin d'avoir une industrie nucléaire qui soit de haute performance, de haute sûreté en France, et que nous ne pouvons pas laisser, non plus à l'exportation, d'autres venir sur des terrains qui, jusqu'à présent, pouvaient être français», a relevé mardi le président de la République.
Le chef de l'Etat a rappelé que l'Etat allait restructurer la filière et recapitaliser Areva et EDF, «parce que c'est l'avenir», même si ce n'est pas «notre seul avenir, parce que nous allons vers la transition (énergétique) et qu'il va y avoir de plus en plus de renouvelables».
Vendredi dans le Financial Times, à propos d'Hinkley Point, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal s'était inquiétée des «sommes colossales en jeu», se demandant s'il fallait «continuer avec ce projet».
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a de son côté exprimé son soutien au projet, même s'il considère, selon son entourage, que la décision «ne peut être prise à la légère».
Les agences de notation Standard and Poor's et Moody's ont toutes deux abaissé la semaine dernière d'un cran la note accordée à l'énergéticien, prenant note des récentes mesures annoncées par le groupe pour consolider ses finances mais ne les estimant pas suffisantes.
«L'industrie nucléaire en France c'est 200.000 emplois, c'est notre indépendance énergétique», a encore souligné François Hollande sur Europe 1. «EDF et Areva sont des entreprises publiques sur lesquelles nous devons nous reposer. Mais en même temps nous devons leur donner des moyens nouveaux», a-t-il estimé.
Suite à l'annonce par le CCE du lancement d'une expertise, un responsable politique britannique, Lord Howell, avait évoqué la semaine dernière «un plan B» où le groupe chinois CGN - investisseur dans le projet aux côtés du groupe français - pourrait se substituer à EDF.
Mais CGN a indiqué lundi n'avoir «aucune intention» de poursuivre en cas de défection ou de report de la part du français.
Les deux entreprises avaient signé un accord en octobre 2015, prévoyant que le chinois supporte un tiers du financement du projet de Hinkley Point C, les deux tiers restants pesant sur les comptes de l'électricien public français.