Euro 2016: Elles se forment pour assurer la sécurité pendant l'événement sportif
SOCIAL•Alors que Didier Deschamps doit annoncer, ce jeudi, la liste des 23 Bleus retenus pour l’Euro 2016, des demandeuses d’emploi sont actuellement formées au métier d’agent de prévention et de sécurité, pour intervenir pendant la compétition…Céline Boff
Sa première mission sera d’assurer la sécurité de l’Euro. Ce qui réjouit Natacha, 36 ans : « J’aime le football, surtout celui des compétitions internationales, avec de grandes équipes et de grands joueurs qui s’affrontent… J’ai vraiment envie de participer à cet événement et en plus, je serai devant, je serai celle que les gens verront en premier ! ».
Comme une cinquantaine d’autres demandeurs d’emploi de la région parisienne, Natacha a été sélectionnée pour apprendre le métier d’agent de prévention et de sécurité. « Nous avons reçu plus de 300 candidatures », sourit Marie-Sophie Trouillez, responsable du recrutement au FPSG, l’organisme de formation situé à Saint-Denis, à quelques encablures du Stade de France. « La moitié des candidats que nous avons retenus sont des femmes. Le métier de la sécurité a une image très masculine, mais les femmes sont indispensables. Notamment pour les palpations : juridiquement, elles sont les seules à pouvoir les effectuer sur le public féminin. »
« J’ai vraiment senti mon taux d’adrénaline monter ! »
Pour Pascal, l’un des formateurs et ancien du métier, leur présence apporte un vrai plus : « Les femmes n’observent pas le monde comme les hommes, elles sont plus curieuses… En tout cas, elles apportent un regard différent. Ce n’est pas un hasard si la gendarmerie et la police mixent de plus en plus leurs équipes. Et puis, la sécurité, ce n’est pas que des gros muscles. C’est aussi du filtrage, de l’orientation, de l’accueil. Un bon agent, c’est avant tout celui qui veut aider son prochain ».
C’est cet aspect qui a attiré Rafika, 39 ans, au chômage depuis plusieurs années : « Après les attentats, j’ai encore plus ressenti le besoin de donner de ma personne… J’ai envie d’aider ceux qui feront un malaise, ceux qui seront perdus, ceux qui auront peur… ». Natacha renchérit : « Mes atouts pour ce métier, c’est ma vigilance et ma bonne humeur. Mon sourire, j’espère que je le conserverai même quand les gens ne me diront pas bonjour ou merci ! ».
Mais la priorité pour Natacha et Rafika, c’est de travailler leur sang-froid. Dans ses locaux, le FPSG a recréé une salle d’hôpital, un hall d’hôtel, une banque, une grande surface, une salle de théâtre et même, une discothèque. Dans un seul but : mettre les candidats en situation.
« Ce qui m’a le plus marquée, c’est l’exercice que nous avons fait dans le supermarché avec le faux terroriste », raconte Natacha. « Je peux vous dire que j’ai vraiment senti mon taux d’adrénaline monter ! Et j’ai fait plein d’erreurs… Mais ça me permet de réfléchir à mes actes, de les corriger et, je l’espère, d’être plus calme la prochaine fois ». Rafika est surtout heureuse d’avoir appris à réaliser un massage cardiaque.
« Elles commencent à bien se rendre compte des risques… »
Savoir orienter, détecter les individus dangereux, gérer les conflits, maîtriser les premiers gestes de secours, éteindre un début d’incendie, évacuer des personnes… Les candidats apprennent tout cela pendant leur formation de 144 heures, sanctionnée par un examen et une carte professionnelle, sésame indispensable pour exercer le métier.
« Nous n’avions jamais formé autant de personnes en si peu de temps, même après les attentats. Grâce à l’Euro, les budgets se sont débloqués. Ce qui est bien, c’est que nous ne les formons pas seulement pour l’Euro, nous leur apprenons un métier qu’elles pourront exercer longtemps », avance Marie-Sophie Trouillez.
Après l’Euro, Rafika aimerait bien évoluer vers un poste d’agent de surveillance de la voie publique. Natacha préférerait travailler dans un musée, « un lieu calme où je pourrai faire de l’accueil, du filtrage, de la palpation, des rondes… »
Mais pour l’instant, elles sont focalisées sur le championnat européen de football. Comme le souligne Pascal, le formateur : « Elles commencent à bien se rendre compte des risques… ». « Je serai en première ligne et je peux vous dire que je vais fouiller à fond chaque personne », avance Natacha. « Ce qui me fait le plus peur, c’est de laisser passer quelque chose… Si c’était le cas, je ne me le pardonnerai jamais. »