La Fnac joue son va-tout pour acquérir Darty
La Fnac qui se livre depuis plusieurs mois à une féroce bataille avec Conforama pour acquérir Darty, a joué son va-tout lundi en relevant pour la troisième et dernière fois, selon elle, son offre d'acquisition sur l'enseigne d'électroménager.© 2016 AFP
La Fnac qui se livre depuis plusieurs mois à une féroce bataille avec Conforama pour acquérir Darty, a joué son va-tout lundi en relevant pour la troisième et dernière fois, selon elle, son offre d'acquisition sur l'enseigne d'électroménager.
Cette nouvelle offre, à 170 pence par action, valorise Darty à 1,16 milliard d'euros, contre 1,09 milliard d'euros proposés jeudi lors de la dernière offre en date de Conforama, à 160 pence par action.
La Fnac a fait savoir lundi en fin d'après-midi qu'elle détenait 18,93% du capital de Darty.
«Le prix le plus élevé payé pour ces actions s’élève à 170 pence», ajoute le groupe, invitant les «actionnaires de Darty qui souhaiteraient céder à Fnac leurs actions» à ce prix «ce jour» à contacter leur mandataire.
Le distributeur de produits culturels et électroniques propose également une alternative en échange d'actions. Il indique que cette «troisième offre améliorée» sera son «ultime surenchère».
La Fnac souligne que son conseiller financier, Rothschild, «considère que (s)es ressources financières disponibles sont suffisantes pour satisfaire l'intégralité de l'acceptation» de cette troisième offre.
La Fnac a récemment acquis auprès des banques une ligne de financement de 950 millions d'euros et peut compter sur le soutien financier de son dernier actionnaires en date, le groupe Vivendi, qui a récemment procédé à une augmentation de capital de 159 millions d'euros en prenant 15% de son capital.
Conforama, qui dispose de l'appui de sa maison mère sud-africaine Steinhoff et de ses 3 milliards de cash disponible, a immédiatement réagi à cette nouvelle proposition, indiquant «étudier la situation» et pressant les actionnaires de Darty de ne prendre aucune décision hâtive.
La Fnac et Darty se sont déjà livrés jeudi à une folle bataille de surenchères - cinq en moins de 24 heures - pour tenter de s'emparer de Darty, élément clé pour chacun des deux distributeurs qui cherchent à acquérir ainsi des avantages concurrentiels décisifs, notamment face au géant américain Amazon ou au français CDiscount, dans un marché de l'électrodomestique très disputé et en phase de reprise.
- Ascension boursière -
Selon le dernier bilan communiqué vendredi par Conforama, le groupe d'Alexandre Nodale détient 20,4% du capital de Darty, devançant donc toujours la Fnac.
Mais le groupe d'Alexandre Bompard rappelle également lundi qu'il a reçu des «promesses irrévocables» de deux des principaux fonds de Darty (Knight Vinke et DNCA représentant 22,1% du capital de Darty) de lui apporter leurs titres.
Avec ces promesses, la Fnac pourrait contrôler «environ 41,05% du capital émis de Darty», note le communiqué.
Darty avait indiqué jeudi prendre note des surenchères de ses deux prétendants, ajoutant que son conseil d'administration «allait soigneusement les examiner, avant de faire en temps voulu une nouvelle recommandation aux actionnaires».
Pendant ce temps, l'action Darty poursuivait lundi son ascension boursière à Londres, clôturant en hausse de 5,37% à 172 pence, alors qu'elle n'était qu'à 131,5 pence mercredi soir avant le début de surenchères.
A la clôture de la Bourse de Paris, le titre Fnac reculait de 1,19% à la Bourse de Paris, à 53,95 euros.
S'emparer de Darty permettrait à la Fnac de renforcer sa stratégie de diversification, mise en place pour contrer le déclin de son marché historique, les produits culturels. Depuis 2012, la Fnac commercialise ainsi de la téléphonie, des objets connectés et du petit électroménager.
Le groupe fait valoir que l'alliance avec Darty permettait de dégager 130 millions d'euros d'économies, pour moitié au travers de synergies d'achats et d'offres - des corners Darty seraient installés dans les Fnac et réciproquement, la billetterie deviendrait commune aux deux enseignes -- mais également via «l'optimisation de la logistique et de l'informatique» et l'intégration des sièges. Cet élément suscite l'inquiétude des syndicats, craignant des suppressions d'emplois. Ce week-end, ces derniers se sont donc clairement prononcés en faveur de la proposition de Conforama.
Le mariage avec Conforama permettrait à ce dernier «de créer un leader français de la distribution de produits et accessoires de la maison, opérant sous des marques bien établies et complémentaires». Quant à Darty, il serait ainsi ancré davantage dans l'univers de la maison, un secteur sur lequel il ne cache pas ses ambitions de développer une véritable offre connectée.