Bolloré n'épongera pas éternellement les pertes de Canal+

Bolloré n'épongera pas éternellement les pertes de Canal+

Vincent Bolloré a averti jeudi que Vivendi ne pourra pas financer ...
© 2016 AFP

© 2016 AFP

Vincent Bolloré a averti jeudi que Vivendi ne pourra pas financer «indéfiniment» les pertes de Canal+ en France, et expliqué vouloir mettre sa filiale de télévision payante à la diète afin d'en faire un actif-clef de son futur «champion des médias et contenus» latin.

«Si les pertes continuent, il y a un moment où il faudra arrêter le robinet, parce que Vivendi ne pourra pas apporter de l'argent indéfiniment à Canal+», a menacé l'homme d'affaires breton, PDG du groupe Vivendi, devant les actionnaires réunis en assemblée générale à l'Olympia. Il a également fait passer ce message dans une lettre aux salariés, dans laquelle il explique sa stratégie et le renouvellement du management.

La perte opérationnelle des chaînes payantes de Canal+ «peut être de plus de 400 millions d'euros en 2016 si on ne réagit pas», a souligné Stéphane Roussel, le directeur général en charge des opérations de Vivendi, après une perte de 264 millions d'euros enregistrée en 2015.

Vincent Bolloré, le président du Conseil de surveillance de Vivendi, est allé jusqu'à évoquer une nouvelle période de «faillite» pour Canal+, qui a déjà connu une histoire mouvementée, et est à présent confronté à une forte concurrence de BeIn Sports ou Altice sur les droits sportifs et à celle du géant de la vidéo à la demande (VOD) Netflix sur le cinéma.

«Est-ce que ça vaut la peine de sauver Canal+? Moi personnellement je réponds oui.»

Mais «ça dépend combien de temps ils vont perdre de l'argent, si on n'a pas l'autorisation de distribuer BeIn Sports, si les pertes continuent, il y a un moment où il faudra arrêter le robinet, parce que Vivendi ne pourra pas apporter de l'argent indéfiniment à Canal+», a averti l'homme d'affaires breton.

Vivendi avait annoncé en février son objectif de voir Canal+ revenir à l'équilibre en 2018.

Vincent Bolloré a reconnu qu'il n'était pas très «populaire» depuis le départ de vingt dirigeants du groupe, vécu en interne comme une «purge». Sous son impulsion, les dépenses du groupe ont été réduites, en commençant par les frais engagés pour le festival de Cannes.

«Quand on dit aux gens vous n'êtes plus 469 à partir vous n'êtes plus que 50, on n'est pas populaire». Mais «on préfère mettre cet argent dans les programmes», a-t-il observé, déclenchant les applaudissements des actionnaires.

Quand Canal+ «sera redressé et que les gens feront attention à leurs dépenses, et qu'ils feront des programmes meilleurs, je pense que Canal sera un maillon essentiel de cette chaîne que nous voulons développer», a nuancé le responsable.

- Lutter face aux Google, Facebook et Amazon... -

M. Bolloré a décrit le projet stratégique de Vivendi qui est de créer un champion européen capable de «lutter face aux grands Gafa (Les géants numériques américains Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr) et les producteurs de contenus comme Disney».

Et «je pense que Canal dans Vivendi», aux côtés de la filiale de musique Universal, de la plateforme de vidéos Dailymotion et «avec les affaires de télécom est capable de créer ce champion», a-t-il insisté.

En marge de l'assemblée générale, le président du directoire Arnaud de Puyfontaine a observé une «dynamique positive entre les opérateurs de télécom et les fournisseurs de contenus».

Après être monté à 24,9% du capital de Telecom Italia, Vivendi mène «des discussions avec différents opérateurs différents, dont Vimpelcom». Et «nous aimons beaucoup Orange», a-t-il ajouté sans plus de détails.

Vincent Bolloré a souligné que Vivendi avait déjà déboursé quelque 1,5 milliard d'euros pour racheter la part des actionnaires minoritaires Lagardère et SECP et prendre le contrôle complet de Canal+, afin d'avoir les coudées franches pour réaliser des synergies entre les différentes entités du groupe.

En outre, Canal+ a une dette d'environ un milliard d'euros et si ses chaînes en clair D8 et D17 sont «dans la rentabilité», la chaîne d'informations en continu iTélé est également dans le rouge.

Après une perte de 16 millions d'euros en 2014 et 20 millions en 2015, iTélé devrait encore afficher une perte de 24 millions cette année, alors même que la concurrence s'intensifie avec l'arrivée en gratuit de LCI (groupe TF1) et le projet de chaîne d'infos de France Télévisions.

Le groupe Canal+ dans son ensemble est cependant nettement rentable. Avec le bouquet Canalsat, les chaînes gratuites et payantes en France, ses activités en Pologne, au Vietnam et en Afrique, il a affiché l'an dernier un bénéfice opérationnel de 454 millions d'euros.

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.