Air France-KLM sorti de la «zone de risque» mais pas revenu «en tête de course»
Le groupe Air France-KLM, qui vient d'ouvrir à Munich sa première ...© 2016 AFP
Le groupe Air France-KLM, qui vient d'ouvrir à Munich sa première base Transavia en Europe, hors France et Pays-Bas, mise sur le segment low cost en pleine expansion, mais des efforts de compétitivité restent à faire pour éviter un «déclassement», explique son PDG Alexandre de Juniac dans un entretien à l'AFP.
Question: Quelle est la stratégie de développement pour la branche low cost Transavia et en Europe en général?
Réponse : En Europe nous fondons notre développement sur deux choses: le développement de nos hubs de correspondances Paris Charles de Gaulle et Amsterdam Schiphol et le point à point (avec) Transavia à partir de la France et de la Hollande et maintenant de la base de Munich que nous venons d'ouvrir et qui est gérée par Transavia Hollande. Transavia Hollande a signé avec les syndicats des pilotes hollandais un accord qui permet de croître dans de bonnes conditions économiques hors du territoire hollandais.
Nous souhaitons développer Transavia France sous cette forme. Pour cela il faut que nous disposions d'un accord avec les organisations représentatives des pilotes d'Air France.
Ce sujet fait partie des discussions avec nos syndicats de pilotes d'Air France. Nous devons accélérer le développement de notre activité low-cost. Les opportunités sont rares maintenant si nous voulons rattraper le retard que nous avons pris.
Nous pensons qu'il y a encore des zones d'expansion pour le low cost en Europe représentant un important potentiel de croissance.
Q: Quelles sont vos priorités pour le long-courrier et y a-t-il des projets de le développer dans le low-cost?
R: La priorité pour le long courrier est de bien restructurer nos opérations pour être compétitifs, de continuer la montée en gamme de nos produits afin d'être au meilleur niveau de service mondial face à nos grands concurrents. Pour l'instant nous n'avons pas de projet (de lignes low cost, ndlr). Nous regardons la situation d'extrêmement près afin de ne pas se laisser dépasser par le marché. Si nous jugeons qu'à un moment il faut que nous commencions à opérer certaines lignes long-courrier sous cette forme là, nous nous adapterons.
Q: Où en sont vos négociations avec le personnel navigant sur le plan de développement d'Air France, attendez-vous un geste de la part du gouvernement?
R: Nous souhaiterions pouvoir aboutir assez prochainement. Le gouvernement serait prêt à nous aider, pourvu qu'un accord équilibré ait été trouvé avec nos personnels navigants.
Nous avons par exemple proposé qu'il y ait une réduction des charges sociales pour nos navigants intercontinentaux, ce qui renforcerait la compétitivité de nos vols long-courriers.
Nous souffrons de charges sociales plus élevées que la plupart de nos concurrents notamment européens.
Nous avons opéré un redressement de la compagnie qui est assez spectaculaire (...), fruit de la restructuration et des efforts fournis par les salariés en grande partie et, de manière minoritaire, du prix du carburant qui nous a aidés.
Néanmoins, il est vrai que les autres (les concurrents, ndlr) ont aussi avancé. Ils réalisent des résultats qui sont très au dessus des nôtres. Dans ce cadre nous souhaiterions aboutir à des accords équilibrés avec nos personnels navigants (d'Air France) pour améliorer notre compétitivité et baisser nos coûts afin d'atteindre un niveau de profitabilité qui soit comparable à nos concurrents européens pour pouvoir se battre dans la même cour, pour avoir les mêmes moyens pour investir, pour nous développer au même rythme.
Si nous ne disposons pas de ces moyens nous serons inéluctablement amenés à décliner. Nous devons rester dans la cour des grands. Nous sommes sortis de la zone de risques mais nous ne sommes pas revenus en tête de course.
Le risque n'est pas tant un risque de défaillance qu'un risque de déclassement.
Propos recueillis par Sonia WOLF.