INDICATEURPourquoi la baisse des prix n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les finances publiques

Pourquoi la baisse des prix n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les finances publiques

INDICATEURElle entraîne une baisse des recettes fiscales, en particulier de TVA...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais un casse-tête pour le gouvernement. Voici en résumé, les conséquences de la baisse des prix en février que vient de révéler l’Insee. Si d’après les données provisoires publiées, les prix à la consommation ont légèrement augmenté par rapport à janvier (+0,2 %), en raison notamment du « rebond des prix des produits manufacturés après les soldes d'hiver », sur un an, les prix ont reculé de 0,2 %, s’établissant pour la première fois depuis mars 2015 en territoire négatif, la hausse des prix de ce début d’année étant plus faible que celle de début 2015.

Progression faible des prix dans l’alimentation et les services

En cause, selon l’institut statistique : la baisse des prix du pétrole, rivé depuis le début de l'année autour de 30 dollars le baril, mais aussi la moindre progression des prix dans l’alimentation et les services. « Le décalage du calendrier des vacances scolaires de la zone C pèserait sur les prix des services touristiques cette année », avance également l’institut statistique.

Pour le portefeuille des Français, cette inflation plus faible que prévu devrait avoir des effets positifs à court terme, en soutenant le pouvoir d’achat. « Automatiquement, ça va accentuer la consommation », dit Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. Selon l’Insee, la consommation des ménages a augmenté de 0,6 % en janvier, en raison de la reprise des dépenses de chauffage - liée au retour du froid après les températures clémentes de décembre - mais aussi d’une hausse des achats en biens d’équipement du logement. Cette progression, qui fait suite à celle de 1 % constatée en décembre, a permis d’effacer le repli enregistré en novembre, après les attentats.

Mais le retour de l’inflation en territoire négatif pourrait à moyen terme « entraîner une stagnation des salaires », avertit Louis Harreau, du Crédit agricole, qui s’inquiète d’un effet néfaste sur la croissance française.

Baisse des recettes fiscales

Pour le gouvernement, qui s’est engagé à ramener le déficit public à 3,3% du PIB en 2016, contre 3,8 % en 2015, la baisse des prix à la consommation est également une source de préoccupation. Une faible inflation, en effet, permet aux ministères de dépenser moins que prévu, et contribue à abaisser la charge de la dette, en maintenant des taux d’intérêt faibles. Mais elle entraîne une baisse des recettes fiscales, en particulier de TVA, et annule l’effet des gels de pensions et salaires, sur lequel compte l’Etat pour faire des économies.

Il n’y a « pas d’inquiétude à avoir sur la situation des finances publiques. Nous avons su tenir notre objectif de déficit en 2015, nous saurons en faire de même cette année », a réagi auprès de l’AFP le ministère des Finances. Bercy table toujours pour l’ensemble de 2016 sur une inflation de 1 %. Mais le ministre des Finances Michel Sapin a reconnu début février qu’il devrait sérieusement « revoir à la baisse » ses prévisions.

Selon une source gouvernementale, le gouvernement pourrait diviser par deux sa prévision d’inflation, à 0,5 %. « Le gouvernement est dépendant de ce que décidera la Banque centrale européenne (BCE) et de l’impact de sa politique monétaire », estime Christopher Dembik, qui rappelle que le phénomène de faible inflation touche l’ensemble de la zone euro.

La BCE s'efforce, jusqu'ici sans succès, de ranimer les prix pour éviter que la région ne tombe en déflation, un phénomène de baisse généralisée des prix et des salaires, sur fond de stagnation voire de récession économique.