AUTOMOBILED'où vient la prime de 2.000 euros versée aux salariés de PSA?

PSA: Une prime exceptionnelle liée aux bénéfices et… à la suppression de la retraite chapeau du PDG

AUTOMOBILEPSA Peugeot Citroën a annoncé ce mercredi la distribution d’une prime d’intéressement renforcée de 2.000 euros en moyenne aux salariés du groupe…
Claire Planchard

Claire Planchard

Un petit coup de pouce et un gros symbole. Moins de deux ans après avoir frôlé le dépôt de bilan, PSA Peugeot Citroën a renoué pour la première fois en 2015 avec les bénéfices.

Des résultats exceptionnels

Au terme d’une restructuration drastique et d'un renflouement d’urgence de l’Etat et du constructeur chinois Dongfeng, le premier constructeur automobile français a annoncé ce mercredi avoir dégagé un résultat net de 1,2 milliard d’euros en 2015 et une marge opérationnelle de 5 % dans la branche automobile.

Pour marquer le succès avant l’heure de son plan « Back in the race » (de retour dans la course) le PDG Carlos Tavares a annoncé le matin même sur RTL le versemement d’une prime d’intéressement renforcée aux salariés du groupe : « Nous avons le plaisir d’annoncer aujourd’hui que nous allons verser à nos salariés en France une prime d’intéressement renforcée qui sera en moyenne d’une valeur de 2.000 euros par salarié, et qui est évidemment la traduction immédiate des très bons résultats que collectivement nous avons obtenus », a-t-il expliqué.

a

Accord d’intéressement et réforme des retraites chapeaux

Dans le détail cette enveloppe de 2.000 euros ne résulte pourtant pas des seuls bénéfices dégagés par le groupe : « En réalité cette somme - qui n’est qu’une moyenne et varie en fonction des revenus des salariés - se décompose en plusieurs éléments », explique à 20 Minutes, Christine Viranassy, déléguée syndicale centrale CFDT chez PSA : « 1.310 euros proviennent d’un accord d’intéressement conclu en février 2015 avec la direction et 690 euros d’un supplément d’intéressement exceptionnel déclenché par Carlos Tavares dans le cadre du plan Back in the race », détaille-t-elle.

Sur cette enveloppe moyenne de 690 euros supplémentaires, seuls 240 euros sont un supplément d’intéressement directement lié aux bénéfices du groupe. « Au final, 450 euros sont liés à la réforme du système de retraite chapeau engagée par la direction », explique la déléguée syndicale centrale.

En décembre 2015, deux ans après une polémique au sujet de la retraite chapeau de son ancien patron Philippe Varin, la direction de PSA avait annoncé avoir «validé le principe de mettre fin» à son système de retraite chapeau (ou régime de retraite supplémentaire à prestations définies) dont bénéficiaient les dirigeants du groupe. Elle avait alors promis de « redistribuer à l’ensemble des salariés les économies » réalisées via cette réforme « en complément des dispositifs actuels de rémunération et d’association aux résultats du groupe ». Promesse tenue donc.

Inquiétude sur les négociations salariales

Les syndicats ont majoritairement salué ce mercredi ce geste mais ils s’inquiètent que son annonce soit faite à la veille de l’ouverture des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui doivent démarrer ce jeudi… et après trois ans de modération salariale. « Cette circonstance peut paraître préméditée, il ne faut que pas la direction s’en serve pour ne pas reconnaître les efforts des salariés qui ont payé le prix fort en termes de productivité, flexibilité et baisse drastiques des effectifs : une prime "one shot" c’est certes agréable mais on veut que les salaires continuent à augmenter, notamment à travers les augmentations collectives », résume Christine Viranassy au nom de la CFDT.

Plus critique encore, la CGT affirme que PSA « se sert de cette prime pour continuer le blocage des salaires », en vigueur « depuis mars 2012 », et « exige » une augmentation de 300 euros pour tous.

Satisfaite du montant de la prime allouée à l’ensemble des salariés (2.000 euros en moyenne), la CFTC demande quant à elle à la direction de « faire un effort supplémentaire » pour la porter à 2.000 euros pour les plus bas salaires, et non environ 1.800 comme prévu actuellement.