Air France revoit son plan de développement pour un décollage réussi
AÉRIEN•La direction d'Air France dévoile ses pistes ce vendredi...Laure Cometti
Retour au calme à Air France, du moins en apparence. Après une fin d’année 2015 particulièrement tendue, émaillée par l’affaire de la chemise arrachée, l’heure est à l’apaisement entre les syndicats et la direction de la compagnie aérienne qui doit présenter ce vendredi, lors d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire, un nouveau plan de développement. Pourquoi ce revirement ? 20 Minutes livre quelques pistes d’explication.
Changement de ton à la direction
C’est d’abord le changement de ton de la direction qui a semble-t-il désamorcé la situation. Le dialogue social semblait dans l’impasse après le CCE du 5 octobre. Le directeur des ressources humaines Xavier Broseta, dont la chemise avait alors été arrachée par des salariés en colère, a depuis été remplacé par Gilles Gateau. L’arrivée de cet ancien conseiller social de Manuel Valls coïncide avec un changement de méthode. En septembre 2015, la direction avait menacé les syndicats de dégainer des suppressions de postes si le plan « Perform 2020 » n’était pas accepté. Mais depuis cette année, l’heure n’est plus aux ultimatums.
Les qualités d’écoute de Gilles Gateau ont-elles permis de renouer le dialogue ? Emmanuel Mistrali, porte-parole du syndicat de pilotes SNPL, lui reconnaît « une oreille attentive ». « Il a l’air de changer le cap », observe Miguel Fortea, secrétaire de la CGT, qui a suspendu l’appel à la grève du 28 janvier après l’annonce d’un nouveau « projet de croissance ambitieux », selon la direction.
Pour Ronald Noirot, secrétaire général du syndicat majoritaire CFE CGC, qui ne fait pas partie de l’intersyndicale, l’arrivée de Gilles Gateau « n’a pas bouleversé situation ». Mais elle a permis un changement d’attitude de l’intersyndicale et un « apaisement indispensable pour repartir du bon pied », espère-t-il.
Ce vendredi, la direction devrait préciser les contours du plan de développement pour 2017 à 2020. Le plan B, qui prévoyait 2.900 suppressions de postes, devrait être en partie abandonné. « En 2016, il y aurait 1.000 suppressions avec des départs volontaires, mais la partie prévue pour 2017 serait annulée », selon Ronald Noirot.
>> A lire aussi : Air France-KLM devrait repasser dans le vert en 2015, selon son PDG
Des conditions économiques plus favorables
Comment se fait-il que la direction ait remisé un plan de réorganisation à l’époque jugé indispensable pour que la compagnie reste compétitive ? Les conditions économiques sont plus favorables. « La baisse du prix du baril de pétrole, qui s’est poursuivie en 2015, a un impact positif sur les finances d’Air France », souligne un analyste du secteur aéronautique chez Mainfirst. Le résultat d’exploitation de la compagnie a d’ailleurs fini dans le vert en 2015, pour la première fois depuis 2008. Mais cet avantage profite également à ses concurrents et notamment « aux compagnies low-cost, plus rentables ».
La direction va donc très probablement demander aux salariés de fournir des efforts afin de poursuivre la réduction des coûts et gagner en productivité. Les annonces de la direction suscitent l’espoir parmi les salariés, mais les syndicats l’attendent au tournant sur ce nouveau projet de croissance, garanti « ambitieux ». « Les mots "croissance", "développement de l’entreprise", et "arrêt de l’attrition" ont été prononcés, c’est bien. Mais on jugera sur pièces », insiste Miguel Fortea de la CGT. Autre point sensible, cinq salariés d’Air France seront jugés en mai 2016 dans l’affaire de la chemise arrachée.