EUROPELe gouvernement français veut se battre pour la Grèce

Le gouvernement français veut se battre pour la Grèce

EUROPEMichel Sapin, ministre français du Budget, est à Bruxelles ce lundi pour tenter de convaincre les autres ministres des Finances de la zone euro de donner de l'argent à Athènes...
Céline Boff

Céline Boff

Athènes va-t-elle enfin recevoir les deux milliards d’euros qu’elle attend depuis le mois d’octobre ? Le gouvernement français l’espère. Et y croit : « La France souhaite qu’un accord intervienne ce lundi [entre la Grèce et ses créanciers] et c’est parfaitement possible. Je vais à Bruxelles avec cet état d’esprit », assurait ce lundi dans la matinée Michel Sapin, le ministre du Budget, avant de rejoindre l’Eurogroupe, le rendez-vous mensuel des ministres des Finances de la zone euro.

Si Michel Sapin se veut optimiste, l’issue de la réunion est pourtant plus qu’incertaine. « Je ne crois pas qu’il y aura un feu vert lundi », confiait vendredi à l’AFP une source européenne proche des discussions. La porte-parole de Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, se contentait pour sa part d’affirmer que la réunion serait « une occasion de faire le point sur les avancées ». Rien de plus.

« Je ne vois pas pourquoi nous exigerions davantage »

Mais qu’est-ce qui bloque les discussions ? Un dossier principalement : celui des saisies immobilières. Concrètement, certains créanciers voudraient que la Grèce prenne des mesures pour saisir davantage de logements lorsque leurs propriétaires ne sont plus capables de rembourser leurs emprunts. Mais Alexis Tsipras veut protéger ces citoyens surendettés. Ce que l’exécutif français, à travers Michel Sapin, affirme « comprendre parfaitement ».

« La Grèce propose que 72 % des ménages grecs qui ne parviennent plus à rembourser leurs prêts puissent saisir la justice pour bénéficier, éventuellement, d’un rééchelonnement », détaille Michel Sapin. Cette solution se traduirait par le maintien d’environ 50 % des foyers propriétaires surendettés dans leur résidence principale. Mais ce niveau est jugé « trop large » par certains créanciers.

Ce qui semble agacer Michel Sapin : « En France comme en Allemagne et comme dans de nombreux autres pays européens, lorsqu’un ménage est surendetté, il rencontre une commission spéciale pour renégocier l’étalement de ses remboursements et cette décision est homologuée par le juge. Je ne vois pas pourquoi nous exigerions de la Grèce plus que ce qui existe dans les autres pays ».

« La Grèce a réalisé des efforts considérables »

Et d’ajouter : « Parmi les créanciers, il y a des personnes plus dures que d’autres. Bien sûr, je pense qu’il faut être exigeant avec la Grèce, mais il faut également négocier des conditions qui soient acceptables socialement et politiquement ».

Pour Michel Sapin, Alexis Tsipras mérite d’autant plus le soutien de la France que son pays « a réalisé des efforts considérables » et qu’il « se place dans le scrupuleux respect de l’accord du 13 juillet. Sur les 48 mesures à prendre, la Grèce a déjà fait voter 40 mesures, mises en œuvre ou qui sont en passe de l’être. Peu de pays seraient capables d’en faire autant ».

Michel Sapin arrivera-t-il à convaincre ses pairs et à démontrer que la France peut encore influer sur les politiques mises en œuvre en Europe ? Réponse ce lundi soir.