POLE EMPLOIComment le contrôle des chômeurs va-t-il s’appliquer ?

Comment le contrôle des chômeurs va-t-il s’appliquer ?

POLE EMPLOIEnviron 180.000 demandeurs d'emploi seront ainsi contrôlés chaque année...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Encore une nouvelle arme dans la bataille contre le chômage. Le gouvernement va lancer ce lundi son nouveau dispositif de contrôle des chômeurs. 20 minutes revient sur les tenants et ses aboutissants du dispositif.

Pourquoi ce dispositif ?

Certains chômeurs ne seraient pas suffisamment actifs dans leurs recherches d’emploi ou manqueraient de méthode dans leurs démarches. Du coup, ils laisseraient filer des opportunités. Ce qui coute cher aux finances publiques et contribue à augmenter le nombre de demandeurs d'emploi, avec le risque pour certains d'eux de s’enfoncer dans le chômage de longue durée. «La grande majorité des demandeurs sont en recherche active d'emploi, mais il y a parfois des personnes qui ont décroché», a ainsi expliqué la ministre du Travail, Myriam El Khomri, vendredi sur iTÉLÉ. Le but de ce dispositif est donc de remotiver ceux qui peinent dans leurs démarches et de rappeler à l’ordre ceux qui ne jouent pas le jeu. Dans un rapport publié en juillet, l'OCDE estimait d'ailleurs que le contrôle des chômeurs devrait être renforcé en France.

Quels demandeurs d’emploi seront concernés ?

Ce dispositif est expérimenté depuis 2013 par Pôle Emploi dans quatre régions (Haute-Normandie, Provence-Alpes-Côte-D'azur, Franche-Comté et Poitou-Charentes) où 5.500 demandeurs d'emploi ont été contrôlés en deux ans. D’ici la mi-novembre, cette mesure sera donc élargie à tout le territoire. Environ 180.000 chômeurs seront ainsi contrôlés chaque année. En pratique, 200 agents de Pôle emploi seront spécifiquement chargés de ce contrôle, dont 33 pour l’Ile-de-France. Les contrôles seront fait alléatoirement, mais aussi sur certains publics ciblés, par exemple des chômeurs de longue durée où ceux qui exercent des métiers très demandés.

Comment s’effectuera le contrôle ?

L’agent vérifiera d'abord les démarches du demandeur d'emploi : nombre de CV envoyés, réponses obtenues, inscriptions à des agences d’intérim… Il pourra lui demander des documents justifiant de ses recherches et lui prodiguer des conseils pour améliorer leur efficacité. Mais si le demandeur d’emploi persiste et signe en faisant preuve de négligence dans ses démarches, l’agent pourra le sanctionner. Il écopera de 15 jours de radiation dans un premier temps et les sanctions pourront aller jusqu'à six mois de radiation dans un second temps.

Qu’en pensent les principaux intéressés ?

L’avis des chômeurs est assez partagé sur le sujet, comme le montre le reportage qu’avait effectué 20 minutes sur le sujet.

<< A lire aussi : Les demandeurs d'emploi divisés sur le contrôle renforcé des chômeurs

Mais les associations et syndicats de chômeurs sont vent debout contre le dispositif. La CGT-Chômeurs dénonce ainsi un «flicage». Jean-Paul Baratin, du Mouvement national des chômeurs et précaires estime de son côté que «ce dispositif va seulement servir à stigmatiser un peu plus les chômeurs. Certaines personnes n'ont pas vu de conseiller Pôle Emploi depuis deux ans. Commençons par ça. Il faut un contrôle des offres d'emploi et non pas un contrôle des chômeurs», indique-t-il.

Ce dispositif peut-il faire baisser le chômage ?

Il y a peu de chance. Car en tablant sur l’efficacité du dispositif à mieux accompagner les chômeurs, encore faudrait-il que leurs compétences soient en adéquation avec les postes proposés. Or, en période de faible croissance, les créations de postes sont encore très faibles en France. Par ailleurs, la mesure est très limitée puisqu’elle ne concernera au mieux que 180.000 demandeurs d’emplois sur les 5,7 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi.

<< A lire aussi : Contrôle des chômeurs: «Cela ne va pas faire baisser le chômage»