CRISE BOURSIEREJusqu’où la bourse de Shanghaï peut-elle plonger ?

Jusqu’où la bourse de Shanghaï peut-elle plonger ?

CRISE BOURSIERESi l’Europe a rebondi mardi, la bourse de Shanghaï, elle, continued'être dans le rouge. Et il reste de la marge pour que ça baisse encore…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Pour l’instant le déroulé de la journée de mardi donne raison à Manuel Valls et Emmanuel Macron. Le Premier ministre et le ministre de l’Economie se sont tous deux montrés rassurant dans les médias à propos des éventuelles conséquences de la crise boursière à Shanghaï sur l’économie française. Elle coûtera quelques dixièmes de points » de PIB, a assuré le premier. « L’impact sur le court terme n’est pas d’une magnitude excessive sur l’économie française », a ajouté le second.

La dégringolade se poursuit à Shanghaï

C’est vrai que ce mardi, les places boursières européennes ont rebondi après un lundi noir. A l’ouverture, Francfort prenait 1,31 %, Paris 1,89 %, Londres 1,30 %, Madrid 0,96 % et Milan 1,39 %.

Pourtant, en Chine, la chute des valeurs est toujours aussi forte. Après avoir ouvert en baisse de 6,41 %, la bourse de Shanghaï a clôturé en baisse de 7,63 %, égalant pratiquement son piteux résultat de la veille, plus forte chute en huit ans, à 8,49 %. La Bourse de Shenzhen, la deuxième du pays, entraînée par l’industrie électronique, affiche une baisse de 7,09 %. Ce mercredi, Shanghaï stabilisait sa baisse mais rien ne dit que cela continue puisque la place chinoise est dans la tourmente depuis le début de l’été.

« Encore de la marge pour que cela baisse »

Faut-il s’attendre encore dans les jours qui viennent à une sur les places boursières chinoises atteignant les 7-8 % ? « Difficile d’être aussi surpris, répond Jean-Luc Mourier, économiste à Aurel BGC. Mais il reste encore de la marge pour que les bourses chinoises baissent encore. »

C’est qu’en un peu plus d’un an, l’indice des places boursières chinoises avait grimpé de plus de 150 %, bien aidé par la Banque centrale chinoise qui a décidé en novembre 2014 de baisser ses taux directeurs pour relancer la croissance. De quoi rendre bien plus attractif le marché des actions pour les particuliers chinois. Beaucoup y ont placé leur épargne et parfois bien plus.

« Près de 25 % des titres qui s’échangent sur les marchés chinois sont ainsi détenus par le biais de crédits contractés par des particuliers, c’est du jamais vu sur aucune Bourse réglementée depuis au moins 20 ou 30 ans », explique au Figaro Haiyan Li-Labbé, analyste spécialiste de la Chine chez Carmignac.

La bourse chinoise se remet de ses excès

Le gendarme des marchés financiers chinois a décidé de calmer l’envolée en limitant en juin dernier le recours au crédit pour les particuliers qui investissent en Bourse. Jean-Luc Mourier y voit le début de la dégringolade.

L’économiste se refuse toutefois à employer le mot « crise » qu’il estime trop « galvaudé ». Les marchés chinois seraient plutôt en train de se remettre de ses excès. « La bulle spéculative est en train d’éclater, observe-t-il. Et cela se fait jamais sans conséquence pour l’économie. »

C’est toute la question aujourd’hui : quel impact aura cette crise boursière sur l’économie chinoise ? « Beaucoup craignent une chute de la consommation des ménages chinois, poursuit l’analyste. Mais je ne pense pas que la consommation des chinois soit très liée à leur portefeuille d’action. L’autre conséquence crainte est la dégradation de la situation financière des entreprises chinoises. »