INTERNATIONALL'Iran, un marché prometteur convoité par les groupes français

L'Iran, un marché prometteur convoité par les groupes français

INTERNATIONALL'accord sur le nucléaire iranien laisse entrevoir une levée des sanctions économiques et financières début 2016 et l'ouverture d'un marché sur lequel lorgnent déjà les groupes français...
Laure Cometti

Laure Cometti

Deux semaines après la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, la perspective de la levée de l’embargo se précise. De nombreuses entreprises occidentales se préparent à l’ouverture de l’économie iranienne, et les groupes français ne sont pas en reste.

Les échanges financiers et commerciaux entre les puissances occidentales et l’Iran sont limités par des sanctions mises en place par les Etats-Unis, les Nations Unies et l’Union européenne. L’accord entre l’Iran et les Etats du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne), qui doit être soumis au Congrès américain, est la première étape vers une lente reprise des affaires. L'avis de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), attendu pour décembre 2015, sera décisif dans la levée progressive des sanctions occidentales, dès le début de l'année 2016.

Automobile, transports, télécommunications

« [Les besoins en Iran] sont considérables », a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, sur France Info, évoquant des trains, des avions, de la nourriture. Les besoins se font particulièrement sentir « en matière d’infrastructures, notamment l’électricité et l’eau, et de télécommunications », complète Thierry Coville, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Iran, qui souligne également des débouchés importants dans les secteurs de l’automobile, du textile, de l’agroalimentaire, du commerce électronique et du tourisme.

Autant de domaines dans lesquels les groupes français peuvent tirer leur épingle du jeu, à condition de « renforcer le transfert des technologies et de développer les sous-traitants locaux », le régime de Hassan Rohani souhaitant que l’économie iranienne dépende moins du pétrole.

Une concurrence accrue

Alstom s’intéresse à la rénovation du métro de Téhéran et au transport ferroviaire entre les principales villes du pays. Côté automobile, le groupe PSA Peugeot Citroën espère reconquérir les parts de marché brutalement abandonnées par Peugeot qui a quitté le pays en 2012, « du jour au lendemain », souligne Thierry Coville. Outre la mauvaise image laissée par ce départ précipité, il faudra également composer avec une concurrence ardue.

« Pendant les six dernières années, les entreprises asiatiques et surtout chinoises ont pris la place laissée par les sociétés européennes », observe Nigel Coulthard, président et cofondateur de l’association Cercle Iran Economie. « En 2006, la France, l’Allemagne et l’Italie étaient parmi les principaux pays d’importation en Iran, mais la Chine, l’Inde et la Corée du Sud les ont détrônées ». Bien que la concurrence soit désormais plus rude, l’ancien patron d’Alstom en Iran (de 2003 à 2010) affirme que les Iraniens ont des attentes vis-à-vis du retour des entreprises européennes. « Il faut préparer le terrain et les contrats », affirme-t-il. Pour cela, une délégation d’une centaine de chefs d’entreprise français se rendra en Iran en septembre prochain.

Les échanges commerciaux entre la France et l’Iran pesaient 500 millions d’euros en 2013, alors qu’ils s’élevaient à 4 milliards en 2004. Selon Nigel Coulthard et Thierry Coville, les transactions entre les deux pays pourraient non seulement retrouver leur niveau d'il y a une dizaine d'années, mais largement le dépasser.

Vers une « envolée économique »

La marge de croissance économique est considérable. Nigel Coulthard prédit une «envolée économique», en partie portée par le pétrole. L’Iran, dont les réserves pétrolières sont gigantesques, produit actuellement trois millions de barils par jour, contre six millions en 1974. « Les sanctions américaines ont bloqué le transfert de technologie d’exploration pétrolière », explique-t-il.

La croissance du pays, évaluée à 1,5 % par la Banque mondiale en 2014, « pourrait s’élever à 4 ou 5 % en 2016 et atteindre 6 à 8 % à moyen terme », estime Thierry Coville.