Crise grecque: «On se demande quand même ce que les dirigeants bidouillent»
TEMOIGNAGES•« 20 Minutes » s’est rendu à La Défense ce vendredi afin de recueillir le sentiment de Français sur la crise grecque…Vincent Vanthighem
Société Générale, BNP Paribas, Allianz, ING… Les tours d’argent des 800 banques installées à La Défense tranchent, ce vendredi, avec le bleu du ciel. Le plus important quartier d’affaires d’Europe, qui héberge 15 des 50 plus grosses entreprises mondiales, ne peut rester insensible au sort de la Grèce. A deux jours d’un sommet extraordinaire des 28 pays de la zone euro, 20 Minutes a donc arpenté la grande dalle afin de recueillir l’avis des Français sur la question grecque.
En direct : Suivez les événements de ce vendredi sur la Grèce
Jérôme et Hughes, courtiers Oil & Gas : « On s’inquiète à propos de notre fournisseur »
Jérôme et Hughes
Costard strict, cravate de rigueur et pas décidé : Jérôme, 49 ans, et Hughes, 44 ans, n’ont pas de temps à perdre et s’expriment en pourcentages. « Combien la France a-t-elle prêté d’argent à la Grèce ? », interroge le premier. Environ 60 milliards d’euros, selon plusieurs estimations. « Ah oui ? J’aurais dit 50, réagit Hughes. J’étais en dessous de 20 %. »
Analyse : Comment la France peut-elle prêter des milliards à la Grèce ?
Si Jérôme est assez partagé sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la Grèce, Hughes, lui, n’a pas d’état d’âme. « Je suis pour que les Grecs sortent de la zone euro, tranche-t-il. L’Europe était une solution de facilité pour eux. Ils se sont trop reposés sur elle. Ça doit cesser. » « Intéressés » par le sujet, nos deux spécialistes financiers sont surtout « concernés » par la crise. « On a un de nos fournisseurs en Grèce, lâche Jérôme. Et on ne sait pas s’il va pouvoir honorer son contrat. On s’inquiète un peu à son propos. » Avant de s’engouffrer dans la tour voisine, Hughes le rassure toutefois : « Oui, mais cela reste un petit fournisseur. On pourra toujours faire autrement. »
Madeleine, fonctionnaire et maman de Léa : « Je me mets à la place des mères de famille grecques »
Léa
Radio, télévision, journaux : Madeleine, 50 ans, ne rate rien des négociations en cours. Et pourtant, elle a du mal à se forger une opinion. « Comment mon banquier réagirait si je ne rembourse pas mon prêt et demande une rallonge perpétuelle ?, interroge-t-elle avant de se reprendre. Mais c’est un raisonnement un peu simpliste. On ne maîtrise pas tout… D’ailleurs, je me demande ce que les dirigeants bidouillent là-haut. »
A l’ombre du Cnit, cette fonctionnaire pose alors les yeux sur Léa, sa fille de 17 ans. « La Grèce est un peuple en souffrance. Je me mets à la place des mères de famille. Comment ferait-on si je ne pouvais pas retirer de l’argent pour permettre à mes filles de partir en vacances ? »
Julie, gestionnaire d’assurances-vie : « Le système va être déstabilisé »
Julie
Jules, étudiant en cinéma : « Le prix de ma bouteille d’eau ne va pas augmenter pour ça »
Jules
Pause cigarette. Et aveu d’ignorance. « Je n’y connais rien, lâche Jules, étudiant en cinéma. Tout ce que je sais, c’est que la Grèce a un problème économique qui nous influence. » Faisant appel à ses souvenirs de cours, le jeune homme se rappelle toutefois que la Grèce a été acceptée dans l’Union européenne « alors qu’on ne connaissait pas l’ampleur de sa dette… »
Mais il se veut idéaliste. « Je ne sais pas s’il faut s’en séparer ou la garder. Personne ne s’interroge sur ce que les Grecs pourraient apporter à l’Europe… Sur ce que nous pourrions construire avec eux… » En attendant de trouver la réponse, l’étudiant, qui ne quitte pas son bonnet même sous le soleil, n’est pas inquiet. « Le prix de ma bouteille d’eau ne va pas augmenter avec ça. Mais pour celle de mes petits-enfants, je ne sais pas… »
Jérémy, pharmacien : « Plutôt qu’en Grèce, je vais partir en Espagne »
Jérémy et Tony
Les infos donnent « mal à la tête » à Tony, 26 ans. C’est donc son copain et collègue, Jérémy, qui s’y colle. « C’est important pour la France. On a prêté de l’argent à la Grèce. Cela représente à peu près un millier d’euros par Français. »
Par conséquent, la sortie de la zone euro n’est pas une option. « Cela ferait plus de mal qu’autre chose. » Dans l’attente du sommet de la zone euro, prévu dimanche, toute cette affaire a déjà eu un impact sur la vie du jeune de 26 ans. « Pour les vacances, j’hésitais entre l’Espagne et la Grèce. J’ai choisi l’Espagne. C’est plus sûr… » Et « moins cher », ajoute Tony.