Grèce: Doit-on minimiser les conséquences d'un Grexit pour l’économie française?
ANALYSE•Selon les économistes, si l'impact d'un Grexit serait probablement minime à court terme, il ne faut pas sous-estimer ses multiples répercussions...L.C.
Le spectre du défaut de paiement grec et d’un éventuel Grexit s’est un peu plus rapproché ce dimanche, malgré le maigre sursis accordé par la Banque centrale européenne aux établissements bancaires hellènes. Quelle pourrait être l’impact de l’abandon de la monnaie unique par la Grèce sur l’économie française?
Peu d’effets à court terme pour la France, mais…
La sortie de la Grèce de la zone euro risque-t-elle à court terme d’affecter l’économie française ? « Dans l’absolu, non », estime Jacques Le Cacheux, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « car la Grèce n’est pas un partenaire de poids pour notre économie ». L’économie grecque n’est « pas assez importante pour avoir un effet direct » sur celle de la France, abonde Fabien Tripier, professeur d’économie à l’Université Lille 1 interrogé par l’AFP.
Ces analyses vont dans le sens des déclarations du Premier ministre Manuel Valls qui a affirmé dimanche matin qu'« une sortie de la Grèce serait grave pour le peuple grec, mais l’économie française ne serait en revanche pas affectée ».
« « Une sortie de la Grèce n’aurait pas d’impact sur l’économie française », Valls au #GrandRDV est plus optimiste que F. Hollande — jjbertolus (@jjbertolus) June 28, 2015 »
Faux, selon Christian Saint-Etienne. « Les contribuables français devront compenser près de 70 milliards prêtés par la France si Athènes n’est pas en mesure de rembourser ses dettes », rapppelle l’économiste. Néanmoins, les créances étant très étalées dans le temps, « il ne faudra pas augmenter les impôts demain », nuance Fabien Tripier.
Quoi qu’il en soit, le Grexit peut entraîner « une perte de confiance dans l’euro et donc une augmentation des taux d’intérêt sur les dettes publiques émises en euro », relève Jacques Le Cacheux. Avec comme conséquence directe et tangible l’augmentation de la dette publique, ce qui plomberait le budget de l’Etat et l’empêcherait de tenir ses engagements sur la réduction du déficit.
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Un risque de contagion à d’autres pays
Les économistes s’accordent pour dire que la zone euro est à ce jour bien mieux armée qu’elle ne l’était il y a quelques années pour affronter cette situation. « Si cette crise avait eu lieu en 2010, elle aurait été très dangereuse pour la zone euro, car la dette grecque était alors essentiellement détenue par des créanciers privés », souligne Christian de Saint-Etienne. Le transfert de la dette vers des créanciers publics, les Etats de la zone euro, permet de juguler le mécanisme de transmission à d’autres pays, avec son effet boule de neige.
Si le risque de contagion est bien moins élevé qu’en 2012, il n’est pas nul, en particulier pour l’Italie, l’Espagne ou le Portugal. Un Grexit apporterait inévitablement de l’instabilité en Europe du Sud. « Il y a déjà des tensions sur les marchés », observe Jean-Paul Betbèze. La crise grecque risque d’alimenter les inquiétudes des créanciers et d’affaiblir ces pays qui sont des partenaires économiques de l’Hexagone.
D’une crise grecque à une crise de l’euro
Pour éviter la contagion d’autres pays de la zone euro, il faudrait que « la crise grecque reste circonscrite à la Grèce et qu’elle ne soit pas interprétée comme une crise de l’euro », estime Christian Saint-Etienne. Dimanche, la présidente du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde se voulait rassurante, affirmant que « la zone euro a les moyens de faire face à la crise grecque ».
Malgré tout, si la sortie de la Grèce est plus ou moins bien gérée sur le plan économique, le coût politique resterait être lourd. L’image de la zone euro serait durablement affectée.