Bœuf: La grande distribution va faire payer au consommateur le «vrai prix» de la viande
CONSOMMATION•Les éleveurs de bœuf ont obtenu gain de cause...20 Minutes avec AFP
Ils ont gagné. Les éleveurs, qui bloquaient depuis dimanche les principaux abattoirs du pays, pourront vendre plus cher la viande de bœuf qu’ils produisent. Dans la foulée de cet accord, survenu mercredi après trois heures de débat au ministère de l’Agriculture, les éleveurs ont annoncé en début de soirée la «suspension» de leur mouvement, qui visait dix-huit abattoirs, les principaux du pays.
Selon Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, qui a consulté chaque barrage, «c'est une suspension des blocages avec mise sous surveillance des opérateurs de la filière, grande distribution et industriels, pour vérifier le respect des engagements».
Un nouveau rendez-vous «mi-juillet» a d'ailleurs été fixé par le ministre Stéphane Le Foll pour «vérifier l'application des accords», a-t-il annoncé.
Un revenu de moins de 1.000 euros par mois
A l'issue de près de trois heures de réunion, les participants se sont accordés sur «une revalorisation des prix payés aux producteurs de 5 centimes par semaine, renouvelée chaque semaine pour arriver à couvrir les coûts de revient qui sont en moyenne de 4,50 euros le kilo par carcasse».
Xavier Beulin, président de la FNSEA, le premier syndicat agricole du pays qui soutenait le mouvement, s'est pour sa part félicité d'un «engagement ferme à revaloriser les prix», de la part de tous les acteurs.
Les éleveurs dénoncent des prix qui ne leur assurent aucun revenu -à moins de 1.000 euros par mois- ni même la couverture de leurs frais: selon Beulin, la viande est payée en moyenne 3 euros à 3,40 euros au producteur: «A ce prix-là, les éleveurs ne gagnent rien et ne couvrent même pas les coûts de production, c'est insupportable. Il faudrait au minimum une augmentation de 60 centimes par kilo/carcasse» a-t-il estimé sur Europe 1.
Des négociations houleuses
Pour le patron de la FNSEA il s'est clairement agi d'une «réunion positive». Même si le ministre Stéphane Le Foll a relevé la «longueur» des débats, signifiant par là qu'ils avaient été difficiles.
Toutes les grandes enseignes françaises de la distribution, dans le collimateur des éleveurs qui dénoncent la guerre des prix sur leur dos, étaient présentes au ministère, y compris l'enseigne allemande Lidl «qu'on ne voit jamais d'habitude».
Depuis dimanche soir, plus de 4.000 éleveurs bovins qui clament leur détresse bloquaient les abattoirs pour réclamer que la filière, des abatteurs aux distributeurs, acceptent de payer la viande au juste prix.
«La viande a besoin de rémunérer ses éleveurs», a martelé Stéphane Le Foll, en appelant la grande distribution à faire payer au consommateur le «vrai prix» du steak ou du rôti. Et à mettre en avant dans ses rayons l'origine et l'étiquette «Viande de France».