La Grèce au bord du défaut de paiement
DETTE•La Grèce doit rembourser le 30 juin 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI et risque fort de ne pas pouvoir honorer cette échéance...C.B. avec AFP
Il a boudé la réunion. Dimanche, Poul Thomsen, le représentant du FMI, n'a même pas participé aux discussions avec Athènes et la Commission européenne, jugeant que les proposions grecques ne «tenaient pas la route».
C’est dire à quel point la situation est tendue. D’autant plus que le temps presse: la Grèce doit rembourser le 30 juin 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI, et risque fort de ne pas pouvoir honorer cette échéance sans le versement de 7,2 milliards d'euros, suspendu depuis l'été dernier et lié à un accord avec les créanciers sur une série de réformes.
Mais, ce week-end, «les Grecs sont venus les mains dans les poches», a estimé, amère, une source proche des négociations. «Ils ont un seul leitmotiv: avoir une négociation politique», a-t-elle ajouté, c'est-à-dire dans le cadre d'un sommet européen, dont le prochain est programmé fin juin.
Athènes refuse une baisse des salaires ou des retraites
«Les propositions grecques restent incomplètes», a insisté un porte-parole de la Commission, indiquant qu'il manque «jusqu'à deux milliards d'euros» d'efforts budgétaires annuels pour qu'Athènes obtienne l'aide financière qui peut lui éviter l'asphyxie.
Du côté d’Athènes, on a imputé l'échec des négociations aux réclamations «irrationnelles» des créanciers, en particulier du FMI, accusé d'avoir une position «intransigeante et dure».Le principal point sur lequel se focalisent les négociateurs est le niveau de l'excédent budgétaire primaire (calculé hors du service de la dette), dont dépend le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser en Grèce.
Les créanciers demandent qu'il atteigne 1% cette année. Athènes a laissé entendre qu'il pouvait concéder 0,9% d'excédent pour 2015, mais refuse une baisse des salaires ou des retraites ou des augmentations de la TVA sur l'électricité. Or, pour le FMI, il est impossible d'atteindre un tel excédent sans réforme des retraites et hausse de la TVA, a rappelé son chef économiste, Olivier Blanchard, tout en invitant les Européens à faire un geste sur la dette grecque.
«Je ne peux pas exclure qu'une comète touche un jour la Terre»
Si la Grèce est plus que jamais au bord du défaut de paiement, le ministre grec des Finances a toutefois estimé, dans un entretien publié lundi par le quotidien allemand Bild, qu'un accord sur la dette du pays était encore possible. «Je considère que le Grexit n'est pas une solution sensée, mais tout ne peut pas être exclu, de même que je ne peux pas exclure qu'une comète touche un jour la Terre», a-t-il dit.
Les rencontres reprendront jeudi dans le cadre de l'Eurogroupe, le cénacle des ministres des Finances de la zone euro, en présence de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.