Délit d’initié chez EADS?
ECONOMIE•Les dirigeants d'EADS étaient informés des retards de l’A380 dès le 6 mars 2006…Les dirigeants d’EADS qui ont vendu leurs stock-option début mars, étaient-ils au courant des retards de livraison de l’A380. Oui, affirme La Tribune de mardi.
Retard connu dès le 6 mars 2006
Le journal économique soutient qu’un nouveau plan interne de production prévoyant la livraison en 2007 de seulement 24 A380 au lieu des 29 initialement, a été édité le 6 mars 2006. Le lendemain, un conseil d'administration se tient chez EADS, à Amsterdam. Au cours de cette réunion tous les sujets sont évoqués, sauf celui de l'A380 et de ses retards… officiellement. «Or ce jour-là, les dirigeants sont autorisés à vendre leurs options», selon le quotidien.
Dans une conversation téléphonique entre l'homme d'affaires Jean Galli Douani et Alain Garcia, ex-directeur technique d'Airbus, ce dernier affirme pourtant que lors du conseil d'administration «de graves problèmes industriels d'Airbus» et des retards «conséquents» ont été évoqués, selon le quotidien.
L'enregistrement de cette conversation a été remis aux autorités judiciaires, poursuit le journal, précisant qu'EADS a démenti les propos d'Alain Garcia, parti en retraite en avril.
Lagardère entendu par l’AMF
Le 7 mars au soir, l'ancien coprésident exécutif d'EADS Noël Forgeard fait signer par Hans-Peter Ring, directeur financier du groupe, l'autorisation de vendre ses stock-options. Au total, 85% des 800 dirigeants possédant des stocks les exercent, note La Tribune.
L'autorité des marchés financiers (AMF) doit entendre ce mardi Arnaud Lagardère, coprésident français d'EADS, dans le cadre de l'enquête sur l'exercice de stocks-options et de possibles délits d'initiés. Elle avait entendu le 22 mai le directeur général délégué d'EADS Jean-Paul Gut.
L'enquête de l’AMF concerne les ventes d'actions effectuées par les principaux dirigeants du groupe en mars-avril 2006, alors que l'action était au plus haut, entre 30 et 35 euros l'action, moins de trois mois avant l'annonce des retards du programme A380 qui a provoqué une dégringolade brutale. Le titre EADS, qui s'était déjà replié sous les 30 euros en avril-mai, avait perdu en une seule séance, le 14 juin, plus de 26%, pour tomber à 18,73 euros.
Pendant une période autorisée pour la vente d'actions issues de stock options, entre le 8 et le 28 mars 2006, Noël Forgeard a réalisé une plus-value de 2,5 millions d'euros et des ventes d'actions réalisées par ses enfants avaient rapporté un million de plus-value supplémentaire.
De son côté, Jean-Paul Gut a réalisé une plus-value de 1,15 million d'euros. Quatre autres salariés membres du comité exécutif d'EADS ont réalisé des plus-values s'échelonnant de 365.000 à 1,2 million d'euros.
Quant aux ventes lancées par les groupes Lagardère et DaimlerChrysler, elles représentent un produit d'environ 2 milliards d'euros pour chacun d'entre eux au cours du 4 avril 2006, alors que le 14 juin, les actions cédées n'auraient valu que 1,15 milliard.