CONSOMMATIONQuels sont les appareils électroménagers qui font rêver les Français?

Electroménager: Les Français veulent des équipements intelligents mais pas trop

CONSOMMATIONLes consommateurs sont demandeurs d'appareils capables de s'auto-diagnostiquer en cas de panne, davantage que de robots femmes de ménage...
Céline Boff

Céline Boff

Comment faire boire un âne qui n’a pas soif? C’est le casse-tête auxquels sont confrontés les fabricants d’électroménager. Pas facile en effet de pousser des Français déjà super-équipés –chaque foyer possède en moyenne une vingtaine d’appareils, depuis le sèche-cheveux jusqu’au lave-linge– à investir toujours plus dans de tels équipements.

Et si Internet était le remède? De quels appareils connectés pourraient bien rêver les Français? C’est ce qu’a cherché à savoir le Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager (Gifam)*. Résultat: les Français veulent avant tout des lave-linges, des lave-vaisselles ou encore des frigos capables de réclamer les soins dont ils ont besoin (nettoyage des filtres, vidange, etc.) et de s’auto-diagnostiquer en cas de panne.

Ils rêvent aussi d’un réfrigérateur à même d’alerter sur les produits contenus («le yaourt à la fraise est à manger ce soir», «il n’y a plus de bouteille de lait au frais», etc.) et de donner des idées de recettes ou des informations, type météo. Et puis, ils aimeraient bien suivre la consommation de leurs équipements en eau et en électricité.

Ménager son portefeuille

«Les consommateurs attendent avant tout un gain de temps et une meilleure gestion de leur quotidien… Soit exactement ce qu’ils réclamaient lors de l’apparition de l’électroménager», sourit Camille Beurdeley, directrice générale du Gifam. Si les Français veulent toujours moins de contraintes, ils souhaitent aussi limiter les gaspillages alimentaire et énergétique et donc, ménager leur portefeuille dans la durée.

«44% des consommateurs voient de vrais bénéfices aux équipements connectés, alors qu’ils ne sont pratiquement pas vendus en rayon… C’est plutôt favorable», se réjouit Damien Chicaud, directeur des études au Gifam.

Evidemment, plus les consommateurs sont connectés, plus ils sont intéressés: 78% des geeks louent ces appareils intelligents, contre seulement 32% des personnes non équipées en smartphones ou tablettes. Sont-ils pour autant prêts à acheter de tels équipements? Pas forcément. D’après l’étude, 23% passeraient à la caisse pour acquérir le frigo connecté et 17% un appareil avec un système d’autodiagnostic.

Le Gifam garde les pieds sur terre: «Ce n’est pas parce que nous proposerons aux consommateurs des appareils pratiques et innovants qu’ils vont se ruer pour les acheter. En revanche, ils pourraient être séduits au moment d’un renouvellement».

Mais pas à n’importe quel prix. Le surcoût lié à la connectivité est ce qui effraie le plus les Français, qui accordent de moins en moins d’argent à leurs équipements –en moyenne, 337 euros en 2014 pour un gros équipement, contre 382 euros en 2008.

«On va perdre notre autonomie»

Et puis, ça leur fait aussi peur, notamment en termes de perte d’implication, comme l’explique ce senior de Tours: «J’ai une vraie réticence: ça ne fait plus réfléchir, c’est trop robotique. Cela pose un problème d’uniformisation du futur, on sera tous pareils, on va perdre notre autonomie.»

D’ailleurs, les Français rejettent «tout ce qui relève du déclenchement à distance», note Camille Beurdeley. Se servir de son smartphone pour lancer sa bouilloire ou son four, «est perçu comme du gadget et de la fainéantise». Sans compter que les lave-linges et autres lave-vaisselles sont déjà équipés de fonctions de programmation.

Encore balbutiante en rayon, l’offre en électroménager connecté domine les salons spécialisés, comme lors du dernier CES de Las Vegas. Pour l’instant, ces appareils ne représentent quasiment rien dans les 30,2 millions d’objets connectés vendus en France en 2013. Ce sont les tablettes, les smartphones, les imprimantes ou encore, les équipements domotiques qui dominent encore ce marché.

*Etude réalisée en ligne par Toluna pour le Gifam auprès de 1.026 personnes représentatives de la population française.