INTERVIEW«Si Ségolène Royal veut limiter le prix du train, elle n'a qu’à baisser la TVA»

«Si Ségolène Royal veut limiter le prix du train, elle n'a qu’à baisser la TVA»

INTERVIEWFabrice Michel, de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), réagit aux propos de la ministre de l'Ecologie...
Céline Boff

Propos recueillis par Céline Boff

«Je veux que la SNCF reste un outil de transport de masse». Invitée du Grand Jury (RTL/LCI/Le Figaro) de dimanche, Ségolène Royal a dénoncé la hausse des tarifs de la SNCF qui ont augmenté jusqu'à 2,6% au 31 décembre 2014, selon le type de billet. Il s’agit, d’après la ministre de l'Ecologie, d’un «mauvais signal». 20 Minutes fait le point avec Fabrice Michel, de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut).

Concrètement, quels billets voient leur prix augmenter?

Ceux dont les tarifs sont au maximum, c’est-à-dire les billets de TER, d’Intercités ou encore de TGV réservés à la dernière minute ou lorsque la demande est très forte. Leurs prix ont augmenté de 2,6%, soit une hausse très supérieure à l’inflation (+0,3% en 2014). En revanche, les tarifs des abonnements TER, des Prem’s ou encore des cartes de réduction restent stables.

Que pensez-vous de cette hausse?

Nous l’estimons injustifiée. Elle est présentée comme l’occasion de réinvestir dans le matériel et les infrastructures mais, hors TGV, cette amélioration de la qualité, nous l’attendons toujours. Concernant les TER et les Intercités, nous constatons une nette détérioration de l’offre, avec des dessertes supprimées et une fréquence horaires diminuée. Ces trains sont pourtant la seule alternative de transport à la fois low cost et respectueuse de l’environnement. Nous aimerions bien voir des investissements dans cette offre ferroviaire, mais la SNCF privilégie le tout TGV.

Ségolène Royal évoque un «mauvais signal». Que pensez-vous de cette réaction?

Elle est étonnante dans la mesure où la hausse des tarifs est encadrée par le ministère des Transports. Autrement dit, si le gouvernement avait vraiment voulu la stabilité des prix des billets, il aurait pu l’imposer. Cette déclaration de la ministre de l’Ecologie rajoute à la cacophonie gouvernementale en matière de transports. Ces derniers mois, nous entendons tout et son contraire. D’un côté, le gouvernement assure vouloir développer les transports publics et amorcer la transition énergétique et de l’autre, il reporte sine die l’écotaxe, augmente la TVA sur le train ou encore envisage la gratuité des autoroutes le week-end.

La ministre dit qu’elle veut changer «par décret la façon dont l’Etat contrôle le prix des transports publics et notamment du train». Qu’est-ce que cela signifie?

C’est une déclaration très alambiquée dans la mesure où l’Etat a déjà le dernier mot sur la hausse des tarifs. Mais si elle veut vraiment maîtriser les prix des billets, la meilleure façon d’y parvenir est de réduire le taux de TVA, qui a injustement été porté de 7% à 10% en janvier 2014. Le transport ferroviaire devrait être considéré comme un produit de première nécessité, ce qui permettrait d'abaisser son taux de TVA à 5,5%.