Banque: Une plus grande concurrence ferait gagner aux Français de 1 à 3 milliards d'euros
BANQUE•En changeant de banque, un consommateur peut espérer économiser de 130 à 470 euros par an, démontre l'UFC-Que Choisir...Avez-vous déjà pensé à changer de banque? Selon l’UFC-Que Choisir, 25% des Français le souhaiteraient, mais très peu sautent le pas. Chaque année, sur les 71 millions de comptes ouverts en France, à peine 2,3 millions sont déménagés dans un autre établissement. Soit un taux de mobilité d’environ 3,3%, quand la moyenne européenne est de 9,5%.
Pourtant, les Français gagneraient gros à changer de banque. D’après une étude réalisée par l’UFC-Que Choisir, un jeune sollicitant peu de services bancaires pourrait économiser 130 euros par an s’il quittait son établissement traditionnel pour rejoindre une banque en ligne.
Un actif avec une utilisation modérée, soit le profil de la majorité des Français, pourrait quant à lui espérer gagner de 60 à 278 euros. Le gain serait encore plus conséquent pour un senior ayant une utilisation intensive: de 100 à 470 euros.
«Les consommateurs paient chaque année près de 10 milliards de frais bancaires»
«En France, les consommateurs paient chaque année près de 10 milliards d’euros de frais bancaires», détaille Maxime Chipoy, responsable des études à l’UFC-Que Choisir. «Avec davantage de concurrence, les banques devraient rendre de 1 à 3 milliards d’euros aux Français».
Oui mais voilà: le taux de mobilité étant très faible, la concurrence l’est tout autant et les frais bancaires ne diminuent pas. Reste que si les Français sont frileux à l’idée de plaquer leur banque, c’est parce qu’il existe des freins bien réels. A commencer par les coûts de transfert d’un CEL (compte épargne logement), d’un PEL (plan épargne logement) ou d’un PEP (plan d’épargne populaire), évalués par l’UFC-Que choisir à environ 60 euros par produit.
Ceux d’un PEA (plan d’épargne en action) ou d’un compte-titre montent à 80 euros. Ensuite, un changement est synonyme de risques pour le client, comme celui de voir une opération effectuée sur le compte clos, «ce qui va induire des frais d’incidents et un fichage à la Banque de France», prévient Maxime Chipoy.
Ça arrive: entre 250.000 et 450.000 chèques sont rejetés chaque année du fait de la clôture d’un compte. Autrement dit, un client en mobilité a 15% de risques d’être victime du passage d’un chèque sur le compte clos. Le service d’aide à la mobilité bancaire devait venir atténuer ces freins, mais cinq ans après son lancement, l’UFC-Que Choisir estime que cet accompagnement reste «largement virtuel. Il concerne moins de 300.000 personnes par an», assure Maxime Chipoy.
Mettre en place une portabilité du compte bancaire
Pour l’UFC-Que Choisir, la solution est de mettre en place une portabilité du compte bancaire, comme il existe déjà une portabilité du numéro de téléphone en cas de changement d’opérateur. Cette option ne pouvant être mise en place qu’à l’échelle européenne, l’association propose en attendant de créer un «alias» pour chaque client, un numéro à donner aux organismes débiteurs et créditeurs et qui ne changerait pas en cas de mobilité bancaire.
«Au minimum, nous demandons la mise en place d’un système de redirection automatique des opérations, qui durerait 13 mois. Cette offre serait l’équivalent bancaire du service "transfert de courrier" de La Poste», précise Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir.
Alors que le gouvernement transmettra bientôt au parlement un rapport sur la possibilité de mettre en place la portabilité du numéro de compte bancaire, l’UFC-Que Choisir compte bien profiter du projet de loi Macron pour faire passer ses propositions. «Nous allons développer notre argumentaire auprès des élus pour qu’ils introduisent ce sujet par voie d’amendements», assure Alain Bazot.