Transports publics: La Chine, l'eldorado de Keolis?

Transports publics: La Chine, l'eldorado de Keolis?

TRANSPORTConnue en France pour gérer les transports en commun de Lille, Lyon Rennes ou Bordeaux, Keolis place aussi ses pions en Chine, pays à l’urbanisation galopante et contraint d’étoffer ses réseaux de transports…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Ce n’est encore qu’une étendue boueuse aux allures de piscine après les pluies des derniers jours. Mais en Chine tout va très vite et, fin 2016, le chantier laissera place au hub intermodal de l’aéroport de Wuhan, capitale de la province du Hubei, au centre du pays. C’est Keolis qui exploitera cette plateforme de 278.000 m² juste en face du futur terminal 3 qui devrait faire grimper la fréquentation de l’aéroport à 50 millions de voyageurs par an. «L’équivalent de Roissy-Charles de Gaulle», précise Serge Cridlig, directeur de Keolis Chine.

Dans ce hub, les passagers accéderont à un ensemble de transport public permettant de rallier le centre-ville de Wuhan, 35km plus loin. «Deux lignes de train intercités [l’équivalent de nos RER], une ligne de métro, une quinzaine de lignes de bus…», détaille Serge Cridlig. Un centre commercial et un centre d’affaires sont aussi prévus pour rentabiliser le site.

Le hub en guise de premier contrat chinois

Keolis n’est pas novice dans le domaine. L’entreprise française, filiale de la SNCF, exploite déjà les transports en commun de Lille, Lyon, Bordeaux et Rennes pour citer les principaux contrats français. Elle est présente aussi à l’international (le futur métro automatique d’Hyderabad en Inde, le tramway de Melbourne, des trains de banlieue à Boston…).

Ce hub intermodal de Wuhan a toutefois une saveur particulière. C’est le premier contrat d’exploitation signé par Keolis en Chine, «un pays où on se devait d’être», estime Jean-Pierre Farandou, président de Keolis. Plusieurs de ses concurrents y sont déjà. A commencer par les français Transdev et RATP qui exploitent ensemble trois lignes de tramway de Shenyang, au nord-est de Pékin.

Les transports chinois en plein chantier

Mais il y aurait de la place pour tous les opérateurs en Chine. «Le pays a 150 villes de plus d’un million d’habitants et concentre 430 des 1.000 plus grandes villes du monde, rappelle Bernard Tabary, directeur général international de Keolis. Et le pays est amené à s’urbaniser encore.» Avec, derrière, de multitudes de réseau de transports de masse à construire et à exploiter.

Wuhan, 12e ville chinoise avec 10 millions d’habitants, en est l’exemple parfait. «La ville ne comptait qu’une seule ligne de métro en 2011, explique Serge Cridlig. Il y en a désormais trois et une quatrième ouvrira d’ici la fin décembre. Des réseaux de trains intercités et de tramways sont aussi en projet à l’échelle de la province.» Des marchés sur lesquels Keolis pourrait se positionner. Depuis 2010, l’entreprise fait tout pour en tout cas, nouant des liens particuliers avec la ville et la province du Hubei.

Une co-entreprise ambitieuse avec le métro de Shanghai

Mais Keolis ne regarde pas qu’à Wuhan. Le groupe a aussi créé une joint-venture (co-entreprise) en juin dernier avec Shanghai Shengtong Metro, gestionnaire du métro de Shanghai, le plus grand au monde avec ses 567 kilomètres de réseau. Dénommée Shanghai Keolis Public Transport, «elle répondra des appels d’offres en Chine mais aussi en Asie pour l’exploitation de lignes de tramway, de métro, de métro automatique (sans conducteur)», explique Marcelin Darru, directeur de Keolis pour l’Asie du sud-est.

S'il est «encore trop tôt pour faire des annonces», estime Jean-Pierre Farandou, ses homologues chinois, eux, se montrent plus bavards. «A la réussite de nos projets en Thaïlande», lançait ainsi le président de Shengtong à l’heure de trinquer, vendredi dernier, à l’issue d’une rencontre entre les deux entreprises. A Shanghaï, il serait aussi question de confier à Shanghaï Keolis la gestion d’un futur métro automatique léger sur le site de l'aéroport de la ville.