Zone euro: trop modeste embellie de la croissance pour guérir l'économie de son anémie
La croissance a connu une amélioration inattendue dans la zone ...© 2014 AFP
La croissance a connu une amélioration inattendue dans la zone euro au troisième trimestre, mais bien trop timide pour guérir l'économie européenne de son anémie, rendant urgente la relance promise par la nouvelle Commission avec son plan d'investissement qui doit être annoncé prochainement.
Le PIB de la zone euro a progressé de 0,2% au troisième trimestre, selon une première estimation publiée vendredi par l'office européen de statistiques Eurostat. C'est mieux qu'attendu par les analystes interrogés par DowJones Newswire, qui tablaient sur 0,1%.
La croissance des premier et deuxième trimestres a en outre été revue à la hausse, à 0,3% et 0,1% respectivement, au lieu de 0,2% et 0% précédemment. Sur un an, le PIB de la zone euro a progressé de 0,8%.
Mais pas de quoi susciter l'enthousiasme. «Les chiffres constituent une modeste bonne nouvelle, mais il n'y a pas de quoi en tirer satisfaction», a résumé une porte-parole de la Commission européenne, Mina Andreeva.
«C'est un signe préoccupant quand une hausse trimestrielle du PIB de 0,2% peut être considérée comme une bonne surprise», a commenté Howard Archer, d'IHS Global Insight. C'est la preuve que la zone euro «est dans une passe difficile, même si elle n'est pas entrée en récession ou dans une nouvelle crise», selon Christian Schulz, de Berenberg.
Parmi les motifs de satisfaction, figure la performance de l'Espagne, dont le PIB progresse de 0,5% au troisième trimestre, continuant sur sa lancée après une hausse de 0,6% au trimestre précédent. Rassurante aussi la croissance de la Grèce, qui relève la tête après six ans de récession et voit son PIB progresser de 0,7% au troisième trimestre, après 0,3% au printemps.
Plus modeste, mais aussi plus inattendue, la progression de 0,3% du PIB en France, deuxième économie de la zone euro, est aussi à compter au rang des bonnes surprises, même si elle est due avant tout à «une accélération des dépenses de l'Etat», relève Jonathan Loynes, de Capital Economics. Or le gouvernement ne va pas pouvoir tenir ce rythme de dépenses, «étant donné sa promesse de les réduire de 50 milliards d'euros d'ici 2017», rappelle Christian Schulz.
- Investissements en berne -
En revanche, la croissance ne dépasse pas 0,1% en Allemagne, qui évite de justesse la récession après un recul de 0,1% au trimestre précédent. Un chiffre qui signale «une stagnation dans le pays censé être le moteur de croissance de la zone euro», s'inquiète Jonathan Loynes, tandis que Christian Schulz attribue en partie les difficultés de l'Allemagne aux retombées de la crise russo-ukrainienne.
Quant à l'Italie, elle reste en récession avec un recul de 0,1%, après -0,2% au trimestre précédent.
Plus généralement, les analystes s'inquiètent du nouveau recul des investissements observé en France, où ils ont diminué de 1,2% au troisième trimestre, mais aussi en Allemagne.
C'est justement sur l'investissement que table la Commission européenne pour relancer la croissance et l'emploi en Europe. Son président, Jean-Claude Juncker, a promis un vaste plan de 300 milliards d'euros, l'un des engagements phares de sa présidence.
Ce plan, qui doit être dévoilé avant la fin de l'année, combinera investissements publics et privés. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, s'est prononcé pour des modalités de financement «audacieuses» et «innovantes», mais bien peu de détails ont filtré jusqu'ici.
Selon une source européenne, il pourrait être dévoilé dès la fin novembre, en même temps que l'avis de la Commission sur les projets de budgets de la zone euro, car l'exécutif européen «serait vulnérable aux critiques» s'il exigeait des efforts budgétaires des Etats sans proposer en même temps des mesures de relance.
Si l'UE n'obtient «pas de résultat sur le front de la croissance, de l'emploi, de l'investissement dans les cinq ans qui viennent, alors le projet européen aura vécu», a récemment mis en garde M. Moscovici.
Le contexte mondial pourrait venir au secours de l'Europe, à en croire Howard Archer. L'économiste s'attend à ce que «la faiblesse persistante des prix du pétrole et celle de l'euro, qui devrait encore baisser, viennent à la rescousse et permettent à la croissance» de la zone euro «d'être meilleure qu'attendu en 2015»Zone euro: trop modeste embellie de la croissance pour guérir l'économie