Ventes de livres: Hachette et Amazon enterrent la hache de guerre aux Etats-Unis

Ventes de livres: Hachette et Amazon enterrent la hache de guerre aux Etats-Unis

Après des mois de bras de fer très médiatisé sur les conditions de ventes de ses livres aux Etats-Unis sur Amazon.com, l'éditeur français Hachette a trouvé un terrain d'entente avec le géant américain de la distribution en ligne.
Le logo d'Amazon
Le logo d'Amazon - Emmanuel Dunand AFP
© 2014 AFP

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Après des mois de bras de fer très médiatisé sur les conditions de ventes de ses livres aux Etats-Unis sur Amazon.com, l'éditeur français Hachette a trouvé un terrain d'entente avec le géant américain de la distribution en ligne.

Les deux groupes ont annoncé jeudi la signature d'un accord courant «sur plusieurs années» et portant sur les versions imprimées et électroniques des livres édités par Hachette Book Group (HBG), la filiale américaine de Hachette.

C'est l'éditeur qui fixera les prix de vente sur Amazon.com, mais il «bénéficiera de conditions plus avantageuses s'il baisse ces prix», précise leur communiqué commun.

Un autre contrat signé le mois dernier par Amazon avec l'éditeur concurrent américain Simon & Schuster comprenait une clause similaire.

David Naggar, vice-président de Kindle, la division de livres électroniques d'Amazon, s'est particulièrement félicité jeudi de cette «incitation pour Hachette Book Group à proposer des prix plus bas» qui, selon lui, «profitera autant aux lecteurs qu’aux auteurs».

«Le point clé est que nous déciderons des prix pour les consommateurs», a assuré pour sa part Arnaud Nourry, le patron de la branche édition de Lagardère, la maison mère de Hachette, en marge de la présentation des résultats de son groupe en France. «On peut s'attendre à un effet à peu près neutre sur nos marges».

- Retour à la normale immédiat -

«Noël approche, donc des deux côtés, nous avons fait cela pour avoir une meilleure saison» des fêtes, a relevé M. Nourry, prédisant «un gros coup de pouce en novembre et décembre de la reprise des relations normales avec Amazon aux Etats-Unis».

Les nouvelles clauses, dont les détails financiers des accords avec les éditeurs n'ont pas été divulgués, entreront en vigueur seulement début 2015.

La signature d'un accord permet toutefois d'avoir «immédiatement» un retour à la normale des ventes de livres Hachette sur le site américain d'Amazon: le communiqué précise que les titres des auteurs de HBG seront «mis en avant dans des promotions» qui vont multiplier à l'approche des fêtes.

Pour faire pression sur Hachette pendant les négociations, Amazon avait en effet réduit ses stocks en provenance de l'éditeur et arrêté d'accepter des précommandes avant les sorties de livres des auteurs de HBG. C'était un moyen indirect de freiner leurs ventes.

Amazon avait déjà utilisé à d'autres reprises dans le passé ce type d'armes lors de discussions commerciales portant sur des ventes de livres ou de produits vidéo. Le conflit avec Hachette aux Etats-Unis a toutefois été particulièrement médiatisé.

Plus de 900 auteurs américains édités par Hachette, dont des romanciers à succès comme John Grisham, Stephen King ou Donna Tartt, ont notamment publié à deux reprises dans la presse américaine une lettre ouverte où ils se disaient pris en otage et demandaient à Amazon de mettre fin au litige.

Amazon avait répliqué en se posant en défenseur de la littérature pour tous, accusant Hachette d'entente illégale avec ses concurrents pour conserver des prix élevés pour les livres électroniques, et enjoignant les lecteurs à s'adresser au patron de HBG, Michael Pietsch, pour réclamer un prix unique. Histoire de leur faciliter la tâche, le groupe internet avait aussi rendu publique l'adresse courriel de l'intéressé.

L'affaire fait boule de neige: une autre pétition d'auteurs contre les méthodes d'Amazon avait rassemblé plus d'un millier de signatures en Allemagne, en marge de négociations commerciales avec l'éditeur scandinave Bonnier. Des maisons d'édition avaient aussi exprimé leur inquiétude au Japon.

C'est également dans ce contexte que le Parlement français avait adopté fin juin une législation dite «anti-Amazon», censée protéger les libraires traditionnels en interdisant le cumul lors des ventes sur internet de la gratuité des frais d'expédition et d'un rabais de 5% sur les livres.

L'heure était à l'apaisement jeudi. Michael Pietsch a assuré que le nouvel accord «sera bénéfique aux auteurs» et «assure à Hachette Book Group le bénéfice des puissants moyens marketing de l’un de nos plus importants partenaires dans la vente de livres».

Le chef de file des auteurs américains, Douglas Preston, s'est pour sa part déclaré «soulagé», dans un courriel à l'AFP, espérant qu'en cas de futurs désaccords, «Amazon ne cherchera plus jamais à prendre l'avantage en sanctionnant les livres et leurs auteurs».