Alstom: l'Etat dit oui à la vente du pôle énergie à General Electric

Alstom: l'Etat dit oui à la vente du pôle énergie à General Electric

Le gouvernement français a donné mercredi son feu vert formel ...
Le siège d'Alstom à Levallois-Perret le 27 avril 2014
Le siège d'Alstom à Levallois-Perret le 27 avril 2014 - Patrick Kovarik AFP
© 2014 AFP

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Le gouvernement français a donné mercredi son feu vert formel au rachat du pôle énergie de l'industriel français Alstom par l'américain General Electric, une approbation nécessaire à la réalisation de l'opération qu'il avait longuement et âprement négociée au printemps avec les deux groupes.

«Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, a accordé aujourd'hui son autorisation à General Electric (GE) pour la réalisation de son projet d'investissement en France avec Alstom et la constitution d'une alliance industrielle entre les deux groupes dans le secteur de l'énergie», selon un communiqué de son ministère.

A la Bourse de Paris, le titre Alstom réagissait bien à cette annonce, progressant de 1,83% à 28,39 euros vers 14H15 (13H15 GMT), dans un marché en hausse de 1,63%.

Le conglomérat américain a mis 12,35 milliards d'euros sur la table pour racheter l'essentiel des activités énergétiques d'Alstom, qui représentent 70% du chiffre d'affaires du groupe français et emploient environ 9.000 personnes en France, soit la moitié des effectifs hexagonaux.

L'équipementier français, qui fabrique les TGV, créera aussi avec GE trois coentreprises détenues à parité dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur.

Dans le même temps, il va lui racheter son activité de signalisation ferroviaire afin de renforcer son pôle transport, un secteur jugé plus porteur sur lequel il entend se recentrer à l'avenir.

«Le projet avec General Electric progresse bien», a de son côté indiqué le PDG d'Alstom, Patrick Kron. Il sera soumis à l'approbation des actionnaires du groupe français lors d'une assemblée générale le 19 décembre et doit encore être validé par les autorités réglementaires compétentes, avant sa finalisation attendue au cours du deuxième trimestre 2015.

- Patriotisme économique -

L'Etat était monté au créneau jusqu'à son sommet pour empêcher une vente pure et simple du pôle énergie d'Alstom à GE, comme les deux groupes l'envisageaient initialement dès le mois d'avril, et s'était appliqué à faire monter les enchères avec l'autre prétendant, le tandem germano-nippon Siemens-Mitsubishi Heavy Industries.

Il s'était ainsi doté le 14 mai d'un décret élargissant à l'énergie et aux transports son droit de veto en cas de visées étrangères sur des entreprises stratégiques françaises.

Une mesure revendiquée par le turbulent ministre de l'Economie d'alors, Arnaud Montebourg, au nom du patriotisme économique. Alstom fournit à EDF les turbines à vapeur pour les réacteurs de ses centrales nucléaires, et Paris répugnait à voir passer sous pavillon américain cette activité qui touche à la souveraineté du pays.

Au terme d'un feuilleton à rebondissements de deux mois, l'exécutif s'était finalement rangé du côté de GE, dont il avait obtenu des garanties sur le nucléaire et la promesse de la création de 1.000 emplois, sous peine de pénalités.

«Emmanuel Macron s'est assuré, avec vigilance, que les intérêts de l'Etat, la pérennité de la filière nucléaire et la sécurisation de l'approvisionnement énergétique de la France sont pleinement pris en compte dans cette opération», insiste le ministère dans son communiqué.

«Le nouveau groupe Alstom, par le biais de cette transaction, disposera de tous les moyens pour développer un champion français et européen dans le secteur des transports», ajoute-t-il.

Le projet d'alliance, scellé le 21 juin entre les deux groupes et l'Etat, a été confirmé mardi, selon le ministère.

Il prévoit aussi que l'Etat devienne l'actionnaire principal d'Alstom: il s'est donné 20 mois à partir de la clôture des opérations pour en acquérir jusqu'à 20% du capital sur le marché ou auprès de Bouygues, qui détient actuellement une part de 29,4%.

Durant cette période, Bouygues accordera un prêt de titres à l'Etat, qui permettra à ce dernier d'avoir des relais au conseil d'administration et de peser sur la stratégie.

Le ministre de l'Economie s'est refusé à fournir un calendrier plus précis sur cette entrée au capital. «Cela relève du domaine des affaires et les affaires ça ne se commente pas et ça ne s'annonce pas», a déclaré Emmanuel Macron lors des Assises de l'industrie, tout en jugeant l'intervention de l'Etat dans ce dossier «productive».

De son côté, le chef de fil des sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé a regretté la vente du pôle énergie, y voyant un des «multiples échecs» d'Arnaud Montebourg.