ECONOMIECroissance: La France aura besoin de trois flèches pour atteindre sa cible

Croissance: La France aura besoin de trois flèches pour atteindre sa cible

ECONOMIEL’OFCE a présenté ses prévisions et ses recommandations pour 2015 ce mercredi...
Nicolas Beunaiche

N.Beu.

Une croissance de 1,1%, mais pas de vraie reprise. En 2015, le ciel économique français devrait se dégager légèrement, mais les nuages qui l’assombrissent depuis le début de la crise seront loin de tous se dissiper, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui présentait ce mercredi ses prévisions économiques. Que faire alors pour retrouver une météo plus clémente? Reprenant la métaphore des trois flèches de Shinzo Abe et Mario Draghi, les économistes de l’institut invitent la France à mieux coordonner ses efforts avec ceux de ses voisins européens. «Politique monétaire, politique budgétaire, réformes structurelles… Pour parvenir à la croissance, il faudra tirer ces trois flèches en même temps», explique l'économiste Eric Heyer.

Une politique monétaire agressive. En tant que membre de la zone euro, la France dépend de l’Union européenne pour ce qui est de sa politique monétaire. Or en 2014, l’appréciation de la monnaie unique a nui à la compétitivité de l’économie française, selon l’OFCE. L’année prochaine, la dépréciation de l’euro devrait au contraire avoir un impact positif sur l’économie française (+0,2 point de croissance). Problème: «Cela ne durera pas en 2016 et 2017», indique Xavier Timbeau. L’institut appelle donc la Banque centrale européenne à mener une politique monétaire agressive, en jouant notamment sur les taux d’intérêt. En mai, l’OFCE avait également salué l’idée de la BCE d’acheter des obligations souveraines ou des créances d’entreprises, prenant exemple sur la Réserve fédérale américaine.

Une politique budgétaire plus raisonnable et coordonnée. La «consolidation budgétaire», autrement dit les efforts de limitation de la dépense publique, a trop duré, estime l’OFCE. Elle aurait ainsi coûté 1,6 point de croissance à la France en 2012 et 1,5 en 2013. Pour Xavier Timbeau, il est donc urgent de mener une politique budgétaire «plus raisonnable». «Il peut y avoir deux options, détaille Eric Heyer: soit l’Union européenne autorise la France à laisser filer son déficit –c’était l’objet du deal entre Chirac et Schröder dans les années 2000, le temps que l’Allemagne fasse ses grandes réformes soit elle lance un grand plan de relance continental avec un budget européen». Dans tous les cas, ajoute-t-il, les Etats européens gagneraient à mieux coordonner leurs efforts. «Il faudrait que l’on puisse dire à certains pays de choisir la relance, à d’autres l’austérité», conclut-il.

Des réformes structurelles. La dernière flèche est dans les mains du gouvernement français. Celui-ci a déjà commencé à mettre en œuvre le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), la réforme des professions réglementées ou encore le pacte de responsabilité et de solidarité, pour un gain potentiel de croissance estimé par l’OCDE à 0,3 point par an sur cinq ans et à 0,4 point par an sur dix ans. S’agissant du CICE, les économistes de l’OFCE estiment qu’il devrait porter ses fruits en 2015. Mais cela ne suffira pas, s’empressent-ils d’ajouter. «La France a aussi un problème de demande inférieure à l’offre, souligne Eric Heyer. La première limite à la production, c’est le niveau faible des commandes.» Dans un article des Echos paru mardi, le président de l’OFCE, Xavier Ragot, appelait ainsi François Hollande à faire «du Roosevelt» «en lançant un grand plan d’investissements publics dans les infrastructures de transport, d’énergie et dans le numérique, coordonné au niveau européen». «On se retrouve au final face au dilemme de l’œuf et de la poule. De l’Europe ou de la France, il faudra bien que l’un des deux avance en premier», selon Eric Heyer.