EMPLOIChômage: Ce casse-tête insoluble pour le gouvernement

Chômage: Ce casse-tête insoluble pour le gouvernement

EMPLOILa France comptait plus de 5,43 millions de demandeurs d'emploi fin septembre, dont plus de 5,12 millions en métropole...
Céline Boff

Céline Boff

Un nouveau record. Vendredi, la Dares, le service d'études du ministère de l'Emploi, a annoncé que la France métropolitaine comptait, fin septembre, plus de 3,43 millions de chômeurs en catégorie A et plus de 5,12 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues. Bien loin d’être inversées, les courbes du chômage continuent donc de progresser, de respectivement +4,3% et +5,7% sur un an.

Ces chiffres n’étonnent pas l’économiste Philippe Crevel: «L’absence de signes de reprise économique n’augurait rien de bon pour le chômage d’autant plus que septembre n’est jamais, par ailleurs, un bon mois pour l’emploi». En effet, c’est la période pendant laquelle les jeunes diplômés, dont le cycle d’études s’est terminé en juin, entrent sur le marché du travail.

Mais l’augmentation du chômage s’explique surtout «par l’atonie de la demande interne» et «par l’incapacité de l’économie française à regagner des parts de marché à l’exportation», note Philippe Crevel.

La situation préoccupante des seniors

Vendredi, le gouvernement essayait de positiver en mettant en avant le «ralentissement marqué» de la hausse du chômage des 50 ans et plus. Entre juillet et septembre, le nombre de seniors inscrits à Pôle emploi a en effet connu sa plus faible progression depuis 2011… Mais cette information est à relativiser.

Car la hausse du chômage des seniors est malgré tout une réalité et elle est sévère: +1% sur un mois et +11,1% sur un an. Le gouvernement espérait limiter la casse avec son contrat de génération, mais la solution n’a pas fonctionné: 24.000 contrats ont été signés en une année alors que l’objectif était de 75.000.

Ce qui marche en revanche, ce sont les emplois d’avenir, pensés pour doper le recrutement des jeunes. Le gouvernement veut accélérer en créant «50.000 nouveaux contrats d’avenir pour 2015 pour un coût supplémentaire de 200 millions d’euros. Dans la loi de finances pour 2014, 150.000 contrats d’avenir avaient été budgétés», rappelle Philippe Crevel.

Le gouvernement compte enfin sur le pacte de responsabilité et ses allègements de cotisations sociales pour relancer l’emploi. Mais ce dispositif ne sera pleinement opérationnel qu’en 2015 et vu la situation dégradée des entreprises, il ne produira des effets qu’à moyen terme.

La création d'un contrat unique

Quel autre outil le gouvernement pourrait-il utiliser pour tenter d’améliorer la situation sans grever les dépenses publiques? La semaine dernière, Manuel Valls a estimé que la mise en place du contrat unique, en lieu et place des traditionnels CDD et CDI, était «une idée intéressante».

Notamment défendu par le Nobel d’économie français Jean Tirole et par la Commission européenne, ce contrat de travail divise cependant les partenaires sociaux et les économistes. D’autant plus que, même d’après ses défenseurs, la création d’un tel contrat aurait des effets marginaux sur la relance des emplois.

Car le problème de fond reste la croissance. Tant qu’elle ne s’élèvera pas à 1% en France, le chômage ne se stabilisera pas. Il faudrait même qu’elle dépasse les 1,5% pour que le nombre de demandeurs d’emploi commence à reculer. Or, cette année, la croissance n’excédera pas les 0,4%. Et elle n’atteindra sans doute pas les 1% en 2015. Le gouvernement l’espère, mais le Haut conseil des finances publiques a d’ores et déjà jugé cette prévision «optimiste».