C.P.
«Ce qui est en train de se passer, c'est que la confiance revient en France», a prophétisé ce jeudi matin le Premier ministre Manuel Valls au miro de RMC-BFMTV. Avant d’ajouter en réponse aux critiques, venues notamment de la gauche: «Ces dispositifs [notamment le Cice] viennent de se mettre en place, attendons qu'ils donnent des résultats».
Indicateurs au plus bas
Ces propos rassurants sont pourtant contredits par plusieurs indicateurs économiques publiés le même jour. Selon l'Insee, en octobre «l'indicateur de retournement pour l'ensemble des secteurs reste dans la zone indiquant une situation défavorable», comme le mois précédent, ce qui veut dire que l'économie n'est pas entrée dans une phase de reprise franche. Seule l'industrie manufacturière donne une petite raison d'espérer: le climat des affaires y progresse d'un point (à 97) par rapport à septembre.
Le dernier baromètre de la société d'études économiques Markit, qui elle aussi sonde chaque mois les entreprises françaises, est encore plus alarmiste: selon elle, l'activité du secteur privé en France s'est encore contractée en octobre, dans tous les secteurs. L'indice la mesurant touche son plus bas niveau en huit mois à 48 points. Le taux de suppression de postes est aussi «à son plus haut niveau depuis avril 2013» avec la plus forte baisse des nouvelles commandes depuis 16 mois dans les entreprises françaises.
Des Français pessimistes et sceptiques
Et ce tableau noir dressé par quelque 750 sociétés hexagonales semble être partagé par une majorité des Français. Selon un sondage Harris Interactive également publié ce jeudi et commandé par l'Institut Montaigne et le cabinet Tilder, seuls 46% des sondés «anticipent qu’au cours des dix prochaines années, la France va retrouver de la croissance économique» et 42% s’attendent «à ce que la France reste l’une des principales puissances économiques mondiales».
Les Français se montrent aussi sceptiques quant à l’efficacité des mesures prises par le gouvernement depuis 2012: exception faire du développement des contrats d’apprentissage, jugé efficace par 53% de Français, seuls une minorité perçoit positivement les principales mesures de politique économique, et notamment le «Cice», (37%), la création d'«emplois d’avenir» (35%) ou réforme du marché du travail négociée avec les partenaires sociaux depuis 2012 (27%).
Au final, seuls les plus jeunes semblent garder espoir: 57% des moins de 30 ans anticipent que le pays va renouer avec la croissance, et 50% qu’il va rester l’une des principales puissances économiques mondiales, soit environ dix points de plus que la moyenne des Français.