La patronne de Yahoo! défend sa stratégie, aidée par de bons résultats

La patronne de Yahoo! défend sa stratégie, aidée par de bons résultats

Convaincre qu'elle saura dépenser à bon escient des milliards de dollars: c'est le défi pour la patronne de Yahoo! Marissa Mayer, sous pression après deux années à tenter de relancer la croissance du groupe internet américain.
© 2014 AFP

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Convaincre qu'elle saura dépenser à bon escient des milliards de dollars: c'est le défi pour la patronne de Yahoo! Marissa Mayer, sous pression après deux années à tenter de relancer la croissance du groupe internet américain.

La directrice générale est arrivée mardi devant les analystes avec de bonnes nouvelles. Le troisième trimestre a été meilleur que prévu, dopé notamment par l'entrée en Bourse du géant chinois Alibaba.

Le bénéfice net trimestriel s'est envolé à 6,8 milliards de dollars, contre seulement 297 millions un an auparavant. L'essentiel, 6,3 milliards de dollars, provient toutefois de la vente d'actions Alibaba, dont Yahoo! est grand actionnaire, lors de son introduction à Wall Street mi-septembre.

Hors effets exceptionnels, le bénéfice par action reste malgré tout supérieur de 22 cents à la prévision moyenne des analystes, à 52 cents. Et le chiffre d'affaires affiche une progression surprise de 1% à 1,15 milliard de dollars.

Les revenus devraient repartir à la baisse au quatrième trimestre, où Yahoo! anticipe 1,20 à 1,24 milliard, mais il espère de la croissance en 2015.

En attendant le bon troisième trimestre tombe bien pour Marissa Mayer, sur la défensive après l'attaque de sa stratégie par un investisseur activiste: le fonds Starboard Value a réclamé dans une lettre ouverte fin septembre un changement radical, suggérant par exemple un mariage avec un autre groupe internet, AOL.

«Nous avons fait bien plus que ce dont les gens se rendent compte», a répliqué Marissa Mayer mardi.

Elle a fait valoir que la croissance du troisième trimestre provenait en grande partie des nouveaux créneaux d'investissement comme la vidéo, les médias sociaux ou le mobile.

Ceux dans le mobile en particulier «commencent à payer», a-t-elle relevé, avec plus de 200 millions de dollars de revenus ce trimestre, et plus de 1,2 milliard de dollars attendus sur l'année.

Elle a aussi rappelé les importants reversements de liquidités aux actionnaires, sous la forme de rachats d'actions qui doivent encore accélérer grâce à une partie de l'argent gagné grâce à Alibaba.

- Acquisitions: «une nécessité» -

Marissa Mayer a particulièrement défendu sa politique d'acquisitions, critiquée par Starboard, pour qui la multiplication de petits achats ciblés sans rapport avec le coeur de métier de Yahoo! coûte cher, pour des résultats mitigés.

Depuis juillet 2012, Yahoo! a investi 1,6 milliard de dollars dans des dizaines de start-up, la plus grosse opération étant le site de blogs Tumblr payé 1,1 milliard en 2013.

«Les acquisitions ne sont pas un choix pour Yahoo! mais plutôt une nécessité», a affirmé Mme Mayer.

Elles permettent de recruter des «talents», des personnes «qui nous aident à accélérer notre transformation dans le mobile et les autres sources de croissance», une stratégie qui selon elle «fonctionne brillamment».

Les acquisitions apportent également «des technologies plus modernes, moins coûteuses, plus efficaces» que celles «assez vétustes» du groupe, dans quatre domaines clés: recherche, communications, magazines numériques et vidéo.

Il y a enfin de plus gros achats stratégiques, «pour accélérer dans des domaines clés d'investissement»: Mme Mayer fait rentrer dans cette catégorie Tumblr et le spécialiste du mobile Flurry, payé environ 200 millions de dollars cet été.

L'afflux récent de liquidités a encouragé les spéculations sur de nouvelles opérations, les médias évoquant récemment un possible investissement dans la messagerie éphémère Snapchat ou la plateforme de publicités vidéo en ligne BrightRoll.

La seconde hypothèse semble plus convaincre les analystes que la première. «BrightRoll est emblématique du type d'acquisitions que Yahoo! devrait rechercher», estime ainsi dans une note Brian Wieser, du cabinet Pivotal Research Group.

Cela contribuerait à rassurer les investisseurs en prouvant qu'il a «un plan pour aider sa marque et ses capacités publicitaires à redevenir pertinentes auprès des grands clients», avance-t-il.

Yahoo! n'a pas cité mardi de projet spécifique. «Nous continuerons d'investir judicieusement», a juste promis le directeur financier, Ken Goldman, tandis que Mme Mayer réaffirmait son intention d'être «de bons gestionnaires du capital».

Cela semble dans l'immédiat avoir convaincu Wall Street: l'action Yahoo! gagnait plus de 3% dans les échanges électroniques suivant la clôture.

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.