Comment la Smart a «contribué à faire revivre la région Lorraine»
REPORTAGE•Le constructeur automobile allemand Daimler a célébré ce lundi, les vingt ans de la décision d'implanter son usine Smart en Moselle, à Hambach…Romain Lescurieux
De notre envoyé spécial à Hambach (Lorraine)
Soudain, la nouvelle smart fortwo s’avance sur les rails de son usine. Griffée d’un «20 ans» sur le capot, elle est mise au point mort et est rapidement entourée de ses pères fondateurs pour une photo officielle. Un événement.
Un site de 70 hectares baptisé Smartville
En effet, ce lundi, tous les représentants des groupes automobiles Daimler et Smart ont fait le déplacement en Lorraine pour célébrer la décision prise il y a deux décennies: Implanter à Hambach, en Moselle, l’usine de la petite citadine. Un site de 70 hectares - baptisé depuis Smartville - qui regroupe la marque et ses prestataires dans un même espace, offrant ainsi une Smart deux places «made in France».
«C’est avec cette voiture, la troisième et dernière génération, que nous voulions célébrer cet anniversaire», lance fièrement Annette Winkler, présidente de Smart. A quelques mètres, dans les allées d’assemblage du véhicule, un salarié de l’usine revient sur l’ancrage de Smartville, dans sa région, au milieu des années 90.
«20 ans c’est bien, mais il faut que ça dure»
«J’avais 24 ans quand j’ai été embauché dans l’usine Smart. Elle était ouverte depuis quatre ans et avait déjà contribué à faire revivre la région en termes d’emploi et de dynamisme. C’est ce qui m’a attiré», explique Alexandre, qui a désormais 40 ans. Les yeux rivés sur les morceaux de voitures qui défilent à la chaîne, cet habitant de Forbach se souvient de l’arrivée de ce complexe automobile, dans un paysage industriel difficile.
«A cette époque, les mines fermaient les unes après les autres. Smartville était l’occasion pour énormément de personnes dans la région de retravailler», dit-il. «20 ans c’est bien, mais il faut que ça dure», lance-t-il, avant de retourner à son poste de travail. Si désormais le site d’Hambach est pérenne, il y a 20 ans, plus de soixante villes en Europe étaient en concurrence avec l'emplacement mosellan.
6.000 emplois générés par Smartville depuis 1994
«Hambach avait besoin de Smart», s’exclame le président du conseil régional de Lorraine, Jean-Pierre Masseret, aux côtés d’Annette Winkler et de Joachim Betker, président de Smart France. Véritable zone de reconversion industrielle, Hambach a été choisie par Daimler car «proche du siège à Stuttgart» et «au cœur de l’Europe», explique Jean-Yves Schmitt, responsable des relations sociales chez Smart. «Ce complexe industriel était aussi prêt à l’emploi. On pouvait investir du jour au lendemain. Et il y avait aussi toute une main-d’œuvre jeune et bilingue prête à travailler», ajoute-t-il.
Depuis, 1,6 million de voitures ont quitté les lignes de production de ce site qui compte désormais 1.600 salariés et a généré en 20 ans, 6.000 emplois, selon le groupe. «Mais Hambach a encore besoin de Smart», poursuit Jean-Pierre Masseret. Si l’objectif est d’augmenter les embauches, Jean-Yves Schmitt de Smart admet auprès 20 Minutes que «tout dépendra des commandes et du volume des marchés» dans les années à venir. Néanmoins, des efforts sont faits pour encore attirer des jeunes bilingues.
En septembre 2014, le premier accord professionnel transfrontalier a été signé. Un Français qui étudie actuellement en Allemagne va ainsi faire son apprentissage à Smartville «C’est un moyen de continuer d’avoir des employés motivés et engagés pour la marque», explique Annette Winkler. Pour Jean-Pierre Masseret, cette dynamique est primordiale: «C’est important que cette usine soit encore là et offre des emplois et une attractivité dans la région».