Très malade, le patron d'Areva, Luc Oursel, passe la main

Très malade, le patron d'Areva, Luc Oursel, passe la main

Très malade, Luc Oursel a annoncé lundi son départ inopiné de la présidence du directoire d'Areva, près de trois ans et demi après sa nomination à la tête du groupe nucléaire en difficulté qui décidera mercredi de son remplacement temporaire.
Le président du directoire d'Areva Luc Oursel, le 26 février 2014 lors d'une conférence de presse à La Défense
Le président du directoire d'Areva Luc Oursel, le 26 février 2014 lors d'une conférence de presse à La Défense - Eric Piermont AFP
© 2014 AFP

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Très malade, Luc Oursel a annoncé lundi son départ inopiné de la présidence du directoire d'Areva, près de trois ans et demi après sa nomination à la tête du groupe nucléaire en difficulté qui décidera mercredi de son remplacement temporaire.

Cette annonce provoque un nouveau chamboulement dans le secteur énergétique, après l'éviction du PDG d'EDF Henri Proglio et un possible départ anticipé du patron de GDF Suez, Gérard Mestrallet.

«Dans des circonstances personnelles très difficiles, malgré mon très fort attachement à Areva, j'ai dû me résoudre à ne pas poursuivre mes fonctions à la tête de l'entreprise et à me mettre en arrêt de travail pour raisons thérapeutiques», déclare M. Oursel, 55 ans, dans un communiqué.

«Je dois mener maintenant un combat personnel contre la maladie mais toutes mes pensées vont aux équipes d'Areva», ajoute-t-il. «J'ai été heureux et fier de les engager, dans un contexte difficile, dans le redressement de l'entreprise, au service du pays, et je suis convaincu qu'elles réussiront.»

Areva a indiqué sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une démission. «Il se tient à disposition pour assurer la meilleure transition possible», a précisé le groupe détenu à 87% par des capitaux publics.

Entré chez Areva en 2007, Luc Oursel avait succédé à Anne Lauvergeon, dont il était le bras droit, le 30 juin 2011, initialement pour un mandat de cinq ans.

Mais le groupe s'apprête à modifier son mode de gouvernance pour se transformer en société en conseil d'administration avant la fin d'année. L'Etat en avait fait la demande afin d'accroître le contrôle des actionnaires sur les décisions stratégiques, critiquées au printemps dans un prérapport de la Cour des comptes.

Une assemblée générale est programmée le 9 décembre pour avaliser ce changement, date jusqu'à laquelle M. Oursel reste officiellement président du directoire.

«Le conseil de surveillance qui se tiendra mercredi prochain prendra les dispositions nécessaires pour permettre le bon fonctionnement de l'entreprise jusqu'à la tenue de la prochaine assemblée générale», a fait savoir Areva dans un deuxième communiqué.

Le Premier ministre, Manuel Valls, a de son côté affirmé qu'une décision serait prise «dans les heures qui viennent» concernant sa succession.

«J'ai reçu Luc Oursel ce week-end qui m'a appris la nouvelle de sa maladie. C'est un homme courageux, qui a été un dirigeant très professionnel, très engagé sur la filière nucléaire», a-t-il déclaré.

- Prévisions à la baisse -

Diplômé de l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris, Luc Oursel a débuté sa carrière en 1984 à la Direction régionale de l'industrie et de la recherche de Rhône-Alpes comme chef de la division «Énergie et sous-sol», avant d'intégrer le ministère de l'Industrie puis celui de la Défense.

Il part dans le privé en 1993, chez Schneider Electric où il occupe diverses fonctions de direction jusqu'en 2001, puis chez Sidel (2002-2004) et le transporteur Geodis, dont il devient brièvement directeur général en 2006.

L'année suivante, il intègre le directoire d'Areva tout en prenant la présidence d'Areva NP, filiale de réacteurs nucléaires.

Les membres du conseil de surveillance, dont son président Pierre Blayau, et ceux du directoire ont dit avoir appris la maladie du patron d'Areva «avec beaucoup d'émotion».

Avant qu'elle ne soit connue, plusieurs sources industrielles prêtaient depuis plusieurs semaines au gouvernement la volonté de le remplacer à la tête du groupe, confronté à des difficultés financières.

Selon la presse, le président du conseil de surveillance Pierre Blayau plaidait pour la nomination du numéro deux Philippe Knoche, actuel directeur général délégué.

Le spécialiste de l'atome avait revu à la baisse cet été ses prévisions d'activité, de rentabilité et de trésorerie pour cette année, après avoir essuyé une perte de 694 millions d'euros au premier semestre.

Le 7 octobre, pour échapper à une dégradation de sa note de crédit, il avait annoncé son intention de réduire encore plus ses investissements et céder davantage d'actifs pour renforcer sa structure financière.