Les marchés décrochent, déboussolés par un horizon économique bouché

Les marchés décrochent, déboussolés par un horizon économique bouché

Les marchés financiers ont perdu pied mercredi, déboussolés par la résurgence des peurs sur la zone euro, la publication de mauvais chiffres faisant craindre une reprise américaine pas si solide que cela et l'apparition de nuages venus de Chine.
© 2014 AFP

© 2014 AFP

Les marchés financiers ont perdu pied mercredi, déboussolés par la résurgence des peurs sur la zone euro, la publication de mauvais chiffres faisant craindre une reprise américaine pas si solide que cela et l'apparition de nuages venus de Chine.

Le feu couvait depuis plusieurs jours mais l'incendie s'est déclenché à Wall Street, qui a subitement décroché dans l'après-midi, allant jusqu'à perdre plus de 2% et provoquant une débâcle en Europe.

La Bourse américaine a ensuite quelque peu réduit ses pertes mais a néanmoins terminé sur un net recul: Son indice vedette DJIA a chuté en clôture de 1,06% --après avoir perdu jusqu'à 2,80% en séance-- et celui de la Bourse électronique Nasdaq a limité ses pertes à -0,28%. L'indice SP500, plus large, a perdu 0,81%.

En Europe, la journée a été sanglante: la Bourse de Paris a concédé 3,63% en clôture, Francfort 2,87%, Londres 2,83% et Milan 4,44%. Athènes s'est effondré de 6,25%.

«L'Europe est à la peine, la Chine ralentit considérablement» et même si l'économie américaine «ne se porte pas trop mal, elle n'avance pas non plus à une vitesse folle, comme l'ont rappelé les chiffres» diffusés mercredi, a relevé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management.

Les trois indicateurs publiés mercredi outre-Atlantique ont été mauvais: les ventes de détail ont marqué en septembre leur premier recul depuis janvier, l'activité industrielle a fortement ralenti dans la région de New York et les stocks des entreprises ont progressé.

L'économie américaine semble s'inscrire sur «une trajectoire de croissance modeste», a commenté Steven Ricchiuto de Mizuho Securities.

Depuis le début du mois, les Bourses reculaient déjà à mesure que grossissaient les doutes sur la zone euro, engluée entre stagnation et déflation.

De mauvais indicateurs allemands ont alimenté la spirale négative, le roc allemand apparaissant fissuré.

«Ce fut un carnage aujourd'hui sur les marchés européens, frappés par un torrent de déception», pour M. Hewson.

Les marchés «attendent plus de la part de l'Europe», confrontée à «la baisse de la croissance, la baisse de l'inflation et le ralentissement récent de l'Allemagne», a commenté Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Les investisseurs, fuyant les marchés actions, se sont rués sur certains des actifs les plus sûrs du monde, les obligations à 10 ans américaines, allemandes, et dans une moindre mesure, françaises qui ont vu leur rendement --qui évolue en sens inverse de la demande -- casser des planchers.

Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor à 10 ans a ainsi reculé à 2,09% après être passé en début de séance sous la barre de 2% pour la première fois depuis juin 2013. Celui des bons à 30 ans s'est replié à 2,876% contre 2,957% la veille, évoluant à des niveaux plus vus depuis mai 2013.

A contrario, les titres des pays périphériques et fragiles ont été délaissés, entraînant de fortes hausses des rendements pour la Grèce, l'Espagne ou l'Italie.

- Banques centrales en rempart -

Classiquement, l'or, traditionnelle valeur refuge, montait nettement à 1.244 dollars l'once.

Mais la retraite reste pour l'instant en bon ordre, les grandes banques centrales, Réserve fédérale américaine et Banque centrale européenne, ayant tout fait jusqu'ici pour soutenir leurs économies.

«Un krach ne pourrait intervenir que si les banques centrales, comme la Fed et la BCE, brouillent du jour au lendemain les signaux», a relevé M. Dembik.

Mais au delà du phénomène de baisse, les performances des marchés traduisent avant tout le sentiment général que l'économie mondiale est fragile, comme l'a souligné la semaine dernière le Fonds monétaire international en révisant à la baisse ses prévisions de croissance, et que les risques sont nombreux, comme l'épidémie Ebola par exemple.

La baisse des marchés touche également les matières premières.

Le pétrole continuait de reculer mercredi, après avoir même perdu près de 4 dollars en une seule séance la veille, lesté par des prévisions sur l'économie mondiale, puisque l'Agence internationale de l'énergie a revu à la baisse sa prévision de demande de brut, baromètre de l'activité économique.

De même, les matières premières, dont la consommation (et donc le prix) évolue en lien étroit avec la production industrielle des grands pays, sont aussi sur une tendance à la baisse marquée depuis plusieurs semaines.

Enfin, un vent mauvais pourrait souffler de l'Est: l'inflation en Chine a nettement ralenti en septembre, à son plus bas niveau depuis près de cinq ans.

Cela peut venir renforcer les craintes de tensions déflationnistes sur fond de conjoncture morose dans la deuxième économie mondiale, qui doit publier ses chiffres de la croissance mardi.

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.