Budget de la France: Michel Sapin distribue les bons et les mauvais points
FINANCES•Le ministre des Finances a porté la parole du gouvernement sur les sujets d’actualité dans une interview aux «Echos»...Nicolas Beunaiche
Michel Sapin posera ses RTT plus tard. Ce mardi et mercredi, l’agenda du ministre des Finances s’annonce très chargé puisqu’après le début des discussions sur le projet de loi de finances et le budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, il déposera quelques heures plus tard le projet de budget de la France à Bruxelles. Avant d’entamer son marathon, le ministre a accordé une interview aux Echos, dans laquelle il fait le point sur les dossiers chauds de Bercy. Voilà ce qu’il faut en retenir en cinq déclarations.
Budget: «La Commission européenne n’a pas le pouvoir de le rejeter»
Le locataire de Bercy n’a pas apprécié certaines de ses lectures au sujet de la possibilité pour la Commission de «rejeter», «retoquer» ou «censurer» le budget. Selon lui, ce pouvoir n’est tout simplement pas dans les mains de Bruxelles. «Ici, comme ailleurs, la souveraineté appartient au Parlement français», assure Michel Sapin. Pour autant, il fait de ces discussions une «nécessité absolue». «Il faut leur expliquer le contenu de nos textes pour montrer l’ampleur des efforts que nous faisons en faveur des entreprises et des économies que nous réalisons», continue-t-il. Peut-il en sortir un avis positif? Les experts sont très sceptiques, mais le ministre dit avoir «bon espoir». D’autant que pour lui, «sur le déficit structurel, qui est la clef, nous sommes proches des souhaits légitimes de la Commission».
Projet de loi de finances et budget de la Sécurité sociale: «Aucune inquiétude sur l’issue du vote»
Pas question de passer par l’article 49-3 de la Constitution, qui permet au gouvernement d’outrepasser l’avis du Parlement, dit Michel Sapin. Pas besoin, d’ailleurs. «Il y aura un débat d’abord avec l’opposition et plus il se clarifiera, mieux ce sera», positive-t-il. Quant à la fronde éventuelle d’une partie de la majorité, Michel Sapin n’y croit pas. Les trois «dimensions» de ce budget -«la vérité» sur la faible croissance, «les baisses de prélèvements sur les entreprises», « les 21 milliards d’économies»- sont «de mieux en mieux acceptées au sein de la majorité parlementaire», veut-il croire.
Ecotaxe: «La compensation ne peut pas attendre»
Avec un manque à gagner d’au moins 250 millions d’euros, la France va devoir «compenser». Comment? Michel Sapin ne le dit pas, mais promet que le gouvernement sera «ouvert aux propositions», même celle sur la non-exonération des poids lourds dans le cadre de la hausse du diesel, avancée par les écologistes. Invité à réagir sur la proposition de Ségolène Royal de faire payer les sociétés d’autoroutes, le ministre temporise. Oui, les mettre davantage à contribution est une «bonne idée», mais il n’est «pas sûr qu’une solution puisse être trouvée pour financer des projets dès 2015». Or la France n’a pas le temps d’attendre.
Allocations familiales: «Les efforts doivent être faits partout»
Accusé par la droite de «taper» sur les familles, Michel Sapin sait que «le sujet est délicat». Mais selon lui, «les efforts sont proportionnellement moins élevés dans la branche famille que dans d’autres secteurs». Désormais, la balle est dans le camp des parlementaires, indique-t-il. «Nous allons laisser une vraie capacité de débat au Parlement si celui-ci veut avancer des propositions alternatives», promet-il.
Assurance chômage: «Ce n’est pas un sujet du budget 2015»
C’est le sujet qui agite l’exécutif cette semaine. Et Michel Sapin a choisi son camp. Alors que Manuel Valls et Emmanuel Macron ont évoqué une remise en cause du système, leur collègue des Finances se retranche derrière la position de l’Elysée: «Une concertation pourra avoir lieu tout au long de l’année prochaine». «Les partenaires sociaux sont conscients du problème financier [l’accroissement de la dette]», rassure-t-il.