Air France: Bras de fer autour du décompte des jours de grève de la paye des pilotes
SALAIRE•Deux syndicats accusent Air France de retirer à un grand nombre de pilotes leur rémunération pour des jours où ils n'étaient pas déclarés grévistes...B. de V. avec AFP
La discorde entre pilotes et direction est loin d’être finie chez Air France. Après deux semaines de grève, les syndicats de pilotes et la compagnie ferraillent de nouveau, cette fois sur le décompte des jours de grève de la paye des pilotes.
Le SNPL AF Alpa, majoritaire chez les pilotes de la compagnie, et Alter (non représentatif), accusent Air France de retirer à un grand nombre de pilotes leur rémunération pour des jours où ils n'étaient pas déclarés grévistes.
Des pilotes non-déclarés?
Selon le porte-parole du SNPL Guillaume Schmid, «Air France persiste à déclarer abusivement grévistes des pilotes sur des jours où ils ne se sont pas déclarés». La «plupart» des pilotes sont concernés selon lui, sans être en mesure de donner plus de précisions.
Contactée par l'AFP, la direction juge ces accusations totalement infondées. D'après elle, les pilotes ne se déclarent grévistes que le premier jour d'une rotation, alors même que celle-ci impose un déplacement sur plusieurs jours.
Le conflit sur les «modalités de déclaration de grève»
La compagnie affirme que cette procédure porte sur les «modalités de déclaration de grève» (formulaire en ligne, courriels à envoyer pour se déclarer gréviste). La loi Diard impose depuis 2012 aux salariés du transport aérien de se déclarer grévistes 48 heures à l'avance pour une période déterminée.
Le syndicat réfute toute «stratégie» ou «consigne» donnée aux pilotes pour réduire l'impact financier sur les salaires. «On assume la grève», dit-il. Lors de la grève, celui-ci conseillait néanmoins aux pilotes de long courrier de «se déclarer gréviste uniquement sur le premier jour de (leur) rotation».
Or, «on ne peut pas couper la rotation en séparant le premier jour des suivants», explique le directeur juridique d'Air France, Franck Rimbaud. «Soit on a annulé la rotation à cause de la grève, soit quelqu'un d'autre prend l'activité; dans les deux cas, on ne peut pas remettre un gréviste le deuxième jour sur la rotation annulée.»
Des absences injustifiées?
Réagissant à des informations données dans la presse, le SNPL «dément fermement que les pilotes demandent à se faire payer les jours de grève», a-t-il indiqué à l'AFP. «Nous demandons la simple application de la loi», a-t-il ajouté. Selon Christophe Pesenti (Alter), «les pilotes ont indiqué un début et une fin» à leur déclaration mais l'entreprise «compte des absences injustifiées pour les jours suivants», «avec la même sanction financière» du retrait de salaire.
Alter «se réserve le droit de porter l'affaire en justice».