L'onde de choc Netflix fait tanguer les télés françaises

L'onde de choc Netflix fait tanguer les télés françaises

Le géant américain Netflix a lancé lundi en France son service de vidéo illimité, sur internet et bientôt sur les box de Bouygues Télécom, une petite révolution dans la consommation de films et de séries qui fragilise la télé traditionnelle.
Le géant américain Netflix a lancé en France son service de vidéo illimité
Le géant américain Netflix a lancé en France son service de vidéo illimité - Stephane de Sakutin AFP
© 2014 AFP

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Le géant américain Netflix a lancé lundi en France son service de vidéo illimité, sur internet et bientôt sur les box de Bouygues Télécom, une petite révolution dans la consommation de films et de séries qui fragilise la télé traditionnelle.



Netflix doit poursuivre son offensive européenne tout au long de la semaine en se lançant en Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique et au Luxembourg.

En France, Netflix est disponible pour 7,99 euros par mois et sera finalement accessible sur les box de Bouygues les plus récentes dès novembre, ont annoncé le PDG du groupe américain et l'opérateur.

Après avoir conquis 36 millions d'abonnés aux Etats-Unis et 14 millions à l'international, dont la Grande-Bretagne et plusieurs autres pays européens, Netflix part à l'offensive du marché français en s'appuyant sur son vaste catalogue de séries américaines.

Les autres fournisseurs d'accès internet, Orange, Free et SFR et Numericable, n'ont officiellement pas trouvé d'accord commercial avec Netflix, et ne diffusent pas son service via leur box.

Mais le PDG de Netflix Reed Hastings a laissé la porte ouverte à des accords avec d'autres opérateurs télécoms, précisant que des discussions étaient en cours.

«Sur le long terme, dans 5 à 10 ans, nous visons un tiers des foyers français abonnés à Netflix, comme c'est le cas aux Etats-Unis», a dit Reed Hastings à l'AFP. Pour l'heure, le premier cap est de 2 millions d'abonnés en France dans 2 à 5 ans.

Le fondateur a aussi souligné qu'il n'avait pas l'intention de payer aux opérateurs un droit de passage privilégié pour la diffusion de ses contenus via internet, mettant en avant le principe de la «neutralité du net».

- onde de choc -

Netflix et ses équivalents sont aux films et aux séries ce que le service musical en ligne Deezer est à la musique: des vidéos à volonté, où l'on veut et sans grilles de programmes.

Confronté au débarquement de Netflix, ses concurrents français ont dégainé, dont Canal+ qui a renforcé son offre illimitée CanalPlay, déjà forte de 520.000 abonnés. CanalPlay a l'atout d'être présent sur toutes les box. Numericable a lui lancé ce lundi un forfait séries gratuit pour ses abonnés.

CanalPlay propose 3.600 heures de séries quand Netflix en offre 2.950, a affirmé M. Belmer, expliquant que ses équipes «ont passé une partie de la nuit à calculer le catalogue de programmes de Netflix». Mais ces services bon marché ne gagnent pas encore d'argent: CanalPlay est pour l'instant déficitaire, tout comme Netflix ailleurs qu'aux Etats-Unis.

Le Premier ministre Manuel Valls a appelé les acteurs français de l'audiovisuel et du numérique à offrir «une alternative forte», soulignant que «l'offre culturelle ne peut être dans les mains exclusives de géants tels qu'Amazon ou Netflix». «Diffuser largement ne doit pas aboutir à bafouer l'exception culturelle ou a piétiner le droit des auteurs et des créateurs», a-t-il ajouté.

Avec un siège européen au Luxembourg, puis aux Pays-Bas en 2015, Netflix échappera à l'impôt français sur les sociétés, l'obligation de signalétique d'âge et au pourcentage minimum de 60% de contenus européens et 40% de contenus français dans son catalogue. Il ne devra pas non plus s'assurer que 12% de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français. Autant d'exceptions qui rendent furieux ses concurrents français.

L'américain contribuera néanmoins au financement de la production audiovisuelle française: il devra verser 2% de son chiffre d'affaires en France au Centre national du cinéma. Et il paiera la TVA à partir du 1er janvier sur ses recettes françaises.

Le groupe s'est défendu en brandissant la production de la future série «Marseille» et en promettant d'autres productions en France.

L'arrivée de Netflix, propice au «binge-watching», la consommation boulimique de contenus, pourrait provoquer une onde de choc en France, territoire très réglementé où le cinéma est interdit mercredi et le samedi soir à la télévision, qui doit respecter un quotas de productions françaises. Se sentant menacées, les chaînes historiques réclament déjà un assouplissement des règles.

Mais «les producteurs se réjouissent de voir arriver un nouvel acheteur» potentiel, réplique Ted Sarandos, responsable des contenus chez Netflix, confirmant des discussions avec Lagardère et Europacorp, la société de Luc Besson.

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