Déficit de la France: La bataille s'engage pour obtenir un nouveau délai à Bruxelles
POLITIQUE•Paris vient de repousser à 2017, au lieu de 2015, son objectif de réduction du déficit sous la barre de 3%. Une annonce qui irrite au plus haut point ses partenaires européens…20 Minutes avec AFP
Accorder un nouveau délai à la France pour ramener son déficit dans les clous européens: l'idée irrite au plus haut point, et pour convaincre ses partenaires européens, Paris va devoir mettre les bouchées doubles sur les réformes et faire un énorme travail d'explication.
«Le débat ne fait que commencer», a déclaré vendredi le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une réunion des pays de la zone euro à Milan (nord), où le nouveau dérapage français a suscité «des grimaces», selon un participant.
Le très orthodoxe Jyrki Katainen, chargé des Affaires économiques à la Commission, a rappelé qu'une telle option « doit être mise en œuvre si elle a du sens et non à cause de pressions politiques ».
«Il y aura un traitement équitable pour tous les pays, petits ou grands»
«Il y aura un traitement équitable pour tous les pays, petits ou grands, du nord comme du sud», a prévenu l'ancien Premier ministre finlandais dans une tribune dans le Wall Street Journal, alors que Paris vient de repousser à 2017, au lieu de 2015, son objectif de réduction du déficit sous la barre de 3%. De 4,2% en 2013, le déficit français doit grimper à 4,4% cette année avant de refluer à 4,3% en 2015.
«En somme, la France demande de reporter son effort de réduction budgétaire jusqu'à la fin du mandat de François Hollande», résume une source diplomatique. «Elle va devoir faire un gros effort pour expliquer pourquoi le déficit va grimper cette année, au lieu de baisser».
Cette situation expose théoriquement la deuxième économie de la zone euro à des sanctions financières. «Chacun est en droit d'exprimer ses préoccupations, et je peux vous dire aussi que chacun veut trouver des solutions» au problème français, a temporisé le ministre français Michel Sapin vendredi lors d'un point de presse.
L’UE en attente du budget 2015 de la France
Pour l'instant, les institutions européennes ont pris acte de ce dérapage et attendent de pied ferme le projet de budget 2015 que la France doit envoyer à Bruxelles, comme tous les pays de la zone euro, d'ici mi-octobre. Objectif: voir si Paris prend suffisamment au sérieux la réduction de ses dépenses et les réformes, réclamées à cor et à cris par Bruxelles.
Une fois le projet de budget sur la table, «nous verrons si la France a assez fait pour respecter le pacte de stabilité», explique Jeroen Dijsselbloem. Il n'a toutefois pas exclu de recourir aux «flexibilités existantes», terme utilisé pour évoquer un nouveau délai sous conditions.
L'examen du projet de budget français incombera au nouveau commissaire aux Affaires économiques, le Français Pierre Moscovici, qui hérite, pour certains, d'un «cadeau empoisonné». C'est lui qui avait obtenu pour la France en 2013 un délai de deux ans quand il était ministre des Finances.