Chiffres du chômage: Rebsamen ne s'attend pas à une diminution

Chiffres du chômage: Rebsamen ne s'attend pas à une diminution

"Il ne faut pas s'attendre à ce que le chômage diminue": les chiffres de juillet, attendus mercredi en plein remaniement gouvernemental, ne seront pas bons, a laissé entendre lundi le ministre du Travail sortant François Rebsamen.
Le ministre du Travail François Rebsamen à l'hôtel Matignon, le 21 août 2014
Le ministre du Travail François Rebsamen à l'hôtel Matignon, le 21 août 2014 - Bertrand Guay AFP
© 2014 AFP

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«Il ne faut pas s'attendre à ce que le chômage diminue»: les chiffres de juillet, attendus mercredi en plein remaniement gouvernemental, ne seront pas bons, a laissé entendre lundi le ministre du Travail sortant François Rebsamen.

«Avec 0% de croissance depuis le début de l'année, il ne faut pas s'attendre à ce que - malgré les politiques de l'emploi - le chômage diminue», a déclaré sur Europe 1 M. Rebsamen, qui était invité à donner «les tendances» pour juillet.

Pôle emploi publiera mercredi le nombre d'inscrits sur ses listes à fin juillet, alors que l'exécutif est en pleine zone de turbulence.

Manuel Valls a présenté la démission de son gouvernement lundi matin, après que son propre ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, eut critiqué la politique économique de l'exécutif. Le président a chargé son Premier ministre de former une nouvelle équipe, qui sera annoncée mardi et au sein de laquelle M. Rebsamen «souhaite» conserver son poste.

En juin, la série noire du chômage avait continué avec un huitième mois consécutif de hausse et un nouveau record de 3,398 millions demandeurs d'emploi sans activité en métropole. Autre plus haut historique : le nombre de chômeurs ayant eu une petite activité. Ils étaient plus de 5 millions en métropole, 5,34 avec l'outre-mer.

Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, la France compte près d'un demi-million de nouveaux demandeurs d'emploi sans activité. Le chef de l'Etat avait estimé début mai que, sans baisse du chômage, il n'aurait pas la crédibilité nécessaire pour briguer un second mandat.

Alors que la plupart des économistes estiment que seule une croissance annuelle supérieure à 1,5% peut faire refluer le chômage, Michel Sapin, ministre des Finances sortant, n'espère atteindre que 0,5% cette année. Pour 2015, il ne s'attend guère à un chiffre «très supérieur» à 1%.

Conséquence : aucun organisme international ne prévoit de baisse du chômage avant, au mieux, 2015. Le FMI repousse même la perspective d'une décrue «notable» à 2016.

- Des rendez-vous en suspens -

François Hollande est en outre confronté à une défiance record : plus de huit Français sur 10 n'ont plus confiance en lui pour combattre efficacement un chômage et relancer la croissance, selon un sondage Ifop publié dans le JDD.

Avant la démission de son gouvernement, le président excluait «toute godille ou tout zigzag» et se disait convaincu que sa politique de relance de la compétitivité par le pacte de responsabilité «(allait) marcher».

Le gouvernement sortant espérait plusieurs centaines de milliers de créations de postes des 40 milliards d'euros de baisse du coût du travail, octroyés aux entreprises en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l'emploi, la formation et l'investissement.

Pour l'heure, seul un accord (sur plusieurs centaines de branches) a été signé, dans l'industrie chimique. Une fois nommé, le nouveau gouvernement devrait donc mettre la pression sur le patronat.

Avant de présenter la démission de son équipe, Manuel Valls prévoyait de participer mercredi à l'université d'été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines). De son côté, François Rebsamen devait réunir le 10 septembre les dirigeants patronaux et syndicaux et les représentants des 50 principales branches. Deux rendez-vous mis en suspens par les derniers rebondissements.

Toujours pour favoriser l'emploi, François Hollande a pressé les syndicats d'accepter un assouplissement des «seuils» sociaux qui multiplient les obligations des entreprises quand leurs effectifs augmentent.

Arnaud Montebourg devait, lui, présenter en septembre un projet de loi réformant les professions réglementées (huissiers, kinésithérapeute, auto-école, notaires ...) et l'ouverture des magasins le dimanche.

En l'absence d'une croissance suffisante, la batterie de mesures déployée depuis 2012 (emplois d'avenir, rallonges de contrats aidés, contrat de génération, plan de formation pour les chômeurs, loi sur la sécurisation de l'emploi...) n'a permis que de limiter la casse, notamment pour les jeunes (-3,1% en un an).

Face à l'explosion du chômage des plus de 50 ans (+11,5% en un an) et de longue durée (+9,8%), François Hollande a confirmé début juillet les grandes lignes d'un «plan seniors» et érigé la lutte contre le chômage de longue durée en «cause nationale», sans toutefois annoncer de nouvelles mesures.

Il doit présider en septembre une réunion pour «lever tous les obstacles» à l'apprentissage, considéré comme un outil phare pour l'emploi des jeunes.