MARCHESMédicaments, réparation auto, gaz: L'Autorité de la concurrence veut «libérer l'économie française»

Médicaments, réparation auto, gaz: L'Autorité de la concurrence veut «libérer l'économie française»

MARCHESL'institution, qui présentait ce jeudi son rapport annuel, défend plusieurs réformes de fond auprès du gouvernement...
Céline Boff

Céline Boff

Elle n’est pas qu’un gendarme. Si l’Autorité de la concurrence doit garantir le respect de l’ordre public économique en France, cette institution se voit aussi comme le conseil du gouvernement en matière de libéralisation de l’économie. «Nous voulons explorer tous les gisements de croissance, nous attaquer aux tabous, donner leur chance à ceux qui prennent des risques, qui innovent», résume son président Bruno Lasserre. 20 Minutes liste ses principaux chevaux de bataille.

Les médicaments

L’Autorité de la concurrence s’est battue, avec succès, pour que les tests de grossesse et les produits pour lentilles soient vendus en grandes surfaces et en parapharmacies. Mais pour elle, ce n’est pas assez: elle veut que tous les médicaments vendus sans ordonnance puissent être distribués dans ces réseaux, dans des corners dédiés et en présence d’un pharmacien diplômé.

D’après Bruno Lasserre, cette ouverture sous condition entraînerait une baisse des prix, comme cela a été le cas en Italie avec, en moyenne, une chute des tarifs de 25 %, «sans pour autant remettre en cause la pérennité économique des pharmacies».

Les autocars

Voyager en autocar à travers la France relève de la mission quasi-impossible. Et pour cause: les professionnels sont soumis à de sévères restrictions. Ainsi, un car peut assurer des liaisons entre des villes françaises seulement si son point d’arrivée est à l’étranger… Il ne doit pas non plus transporter plus de 50 % de voyageurs effectuant une desserte intérieure et ces clients n’ont pas le droit d’effectuer un trajet dans une seule région…

Résultat: le transport par autocar représente 0,0005 % des voyages de longue distance en France, contre 4 % en Grande-Bretagne et 5 % en Suède. D’après l’Autorité de la concurrence, assouplir la réglementation profiterait non seulement aux acteurs français tels qu’Eurolines (filiale de la Caisse des dépôts) et iDBUS (filiale de la SNCF), mais aussi et surtout aux jeunes, aux seniors et aux personnes à faibles revenus. Le marché du transport de voyageurs pourrait ainsi croître de 20 à 30 % et créer des emplois.

L’automobile

«En dix ans, de 2004 à 2014, la maintenance automobile est le poste qui a le plus augmenté, loin devant l’alimentation, l’habillement ou le téléphone», note l’Autorité. Pour protéger le portefeuille des automobilistes français, elle demande donc à l’Etat de mettre fin au monopole des constructeurs sur les pièces de rechange visibles. Pour changer leur rétroviseur ou leurs jantes, «les automobilistes pourraient s’approvisionner ailleurs que chez les constructeurs et les prix pourraient baisser», avance Bruno Lasserre.

Le gaz

Si les consommateurs peuvent choisir entre les tarifs réglementés -notamment proposés par GDF- et les offres de marché -également proposées par GDF mais aussi par des fournisseurs alternatifs comme EDF, Direct énergie, etc.-, cette possibilité reste peu connue du grand public. Résultat: les clients ne se tournent pas massivement vers les fournisseurs alternatifs, alors que leurs tarifs peuvent être jusqu’à 15 % inférieurs à ceux des tarifs réglementés.

Pire, ce faible degré d’information profite à EDF qui se trouve être «le fournisseur alternatif le plus dynamique alors même qu’il propose des tarifs plus onéreux que les tarifs réglementés», se désole l’Autorité. Elle a également remarqué que «le prix payé par les consommateurs résidentiels français est en moyenne et de façon constante très nettement au-dessus de la moyenne européenne depuis 2009».

Pour toutes ces raisons, elle demande au gouvernement de supprimer les tarifs réglementés, ce qu’il a accepté de faire pour les professionnels, mais pas encore pour les particuliers.