ENERGIEAlliance avec General Electric: Quel futur pour Alstom?

Alliance avec General Electric: Quel futur pour Alstom?

ENERGIEGeneral Electric, Alstom et l’Etat français sont tombés d’accord sur une offre d’alliance. Quelles garanties assure-t-elle à  Alstom…
Bertrand de Volontat

Bertrand de Volontat

Cette fois, c’est fait. Après deux mois de rebondissements, le conseil d’administration d’Alstom a validé à l’unanimité le projet d’alliance avec l’américain General Electric (GE) ce samedi sur la reprise de son pôle énergie portant sur 12,35 milliards d’euros, rejetant le projet du tandem germano-nippon Siemens-Mitsubishi Heavy Industries.

Dans le même temps, les discussions continuent toujours entre l’Etat et Bouygues au sujet du prix de d’acquisition des 20 % du capital d’Alstom que l’Etat souhaite racheter pour devenir le principal actionnaire de cette entreprise. «S’il n’y a pas d’entrée de l’Etat parce que Martin Bouygues ne veut pas vendre ses actions, l’opération avec GE ne se fera pas», a affirmé Arnaud Montebourg, le ministre de l’Economie, intervenu sur le dossier. Les négociations entre Bercy et Bouygues sur le prix de l’action, autour de 30 euros, devraient aboutir ce dimanche, alors que l’action Alstom a bondi de 35 % depuis mars, boosté par les négociations. Cette opération «coûtera zéro euro aux contribuables» a tenu à préciser le ministre.

Avec cette future alliance, le groupe français spécialisé dans le transport, principalement ferroviaire, mais aussi dans l’énergie, qui emploie environ 93.000 salariés, va prendre une nouvelle dimension. Quel avenir pour le géant français?

Alstom, vitrine de l’ingénierie française

Alstom va conserver son nom et devenir la vitrine de la prouesse dans l’ingénierie française. «Cette alliance va lui donner une force de frappe mondiale», explique l’économiste Christian Saint-Etienne, interrogé par 20 Minutes. Alstom va notamment pouvoir vendre ses technologies dans les pays émergents, pays dans lesquels il faut des fonds propres importants pour investir sur place». Avec la création de trois joint-venture -turbines à vapeur, réseaux et énergies renouvelables-, les sièges de quatre activités -réseaux, éolien en mer, hydroélectrique et turbines à vapeur- restent en France. L'Etat exige en outre que le directeur général et le directeur technique de l’activité vapeur soient Français et résident dans l’Hexagone. «C’est le meilleur accord possible pour Alstom, mais c’est aussi un aveu d’échec pour le modèle français, prouvant que si nous voulons développer de l’emploi, il faut investir», analyse l’économiste.

Une alliance sécurisante pour l’avenir

«C’est une offre améliorée par rapport à l’initiale, qui préserve les intérêts d’Alstom», explique Christian Saint-Etienne, favorable à l'entrée de l'Etat au capital, afin de protéger des secteurs clés de l'économie française. Alstom conserve 100 % de ses activités de transport (et récupère les activités signalisation de GE), 50 % de ses turbines à vapeur (qui équipent les réacteurs des centrales nucléaires d’EDF), et un droit de veto de l’Etat) et 50 % des renouvelables et réseaux électriques, qui permet à Alstom un développement dans l’économie durable.

Une création de 1.000 emplois à venir

1.000 emplois industriels nets créés en trois ans, c’est ce qu’a promis GE. Une contrepartie qui entraînera des pénalités si elle n’est pas honorée, a affirmé Arnaud Montebourg. «GE, présent depuis très longtemps en France à travers un autre partenariat, ne trichera pas sur l’emploi», affirme Christian Saint-Etienne. La prise de participation de l’Etat «est une très bonne nouvelle pour l’emploi et une excellente nouvelle pour les salariés d’Alstom et pour la région de Belfort, siège européen de GE», a estimé le maire UMP de Belfort. La CGT craignait toutefois des licenciements la semaine passée.