Ferroviaire: Quelle serait la meilleure réforme pour les usagers?
TRANSPORT•«20 Minutes» fait le point sur les différentes propositions...Céline Boff
Cet article mis en ligne le 12 juin a été réactualisé ce dimanche 15 juin alors que la CGT Cheminots vient d'annoncer la reconduction de la grève lundi 16 juin.
Pour eux, c’est la galère. Depuis mercredi, les usagers de la SNCF subissent la grève des cheminots votée mardi soir et reconduite ce lundi. Si le trafic tourne au ralenti, c’est parce qu’une partie des personnels de la SNCF est vent debout contre le projet de réforme imaginé par le gouvernement. Mais cette évolution est-elle bénéfique pour les voyageurs? Les propositions alternatives seraient-elles meilleures? 20 Minutes fait le point.
Le scénario des syndicats grévistes
Ils demandent la fusion entre la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF) dans une seule maison SNCF, comme elle existait avant la séparation des deux activités -gestion de la circulation des trains et gestion du réseau- en 1997.
D’après eux, cette évolution profiterait aux usagers, en leur offrant un service plus coordonné et plus sûr. Pour convaincre, ils citent notamment l’affaire des trains trop larges ou encore l’accident de Brétigny-sur-Orge, dysfonctionnements liés, selon eux, au partage de l’activité entre la SNCF et RFF. Des arguments balayés par Fabrice Michel, de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut): «Leur but, c’est de compromettre l’ouverture à la concurrence et cela ne va pas dans l’intérêt des usagers».
En termes de qualité de service, Fabrice Michel estime que l’actuelle séparation profite aux voyageurs, comme le prouve le cadencement, c’est-à-dire le passage des trains à heures fixes dans les gares, demandé par RFF. «Les usagers n’auraient pas obtenu cette lisibilité si la SNCF agissait seule.»
Le scénario du gouvernement
Il souhaite, non pas une fusion, mais un rapprochement entre RFF et SNCF. Son idée est de créer d’un côté SNCF Mobilités, en charge de la circulation, et de l’autre SNCF Réseau, pour la gestion du réseau, et de faire chapeauter le tout par une holding, la SNCF.
La différence avec le système actuel? RFF, qui est censé gérer le réseau, n’a pas de personnel à lui pour entretenir les voies. Et doit donc louer les salariés de la SNCF… Ce qui limite de fait son indépendance vis-à-vis de l’opérateur. Demain, RFF et les personnels SNCF dédiés aux infrastructures seraient donc réunis dans une seule et même entité – SNCF Réseau- complètement distincte de SNCF Mobilités.
«C’est une bonne solution pour réduire le bazar administratif entre les deux structures», estime Fabrice Michel. Et pour réduire les coûts, avec un gain attendu de 1,5 milliard d’euros par an. Mais ne vous attendez pas à payer moins cher vos billets: la priorité est de résorber la dette de la SNCF (7,4 milliards) et surtout celle de RFF (33,7 milliards).
Quant au service, il ne s’améliorera pas dans l’immédiat, «mais cette réforme est le meilleur moyen de favoriser l’ouverture à la concurrence [prévue pour 2019 en France] et elle peut être saine pour les usagers», argue Fabrice Michel.
«Il n'y aucune raison» de reporter la réforme ferroviaire, car il s'agit d'une « réforme de bon sens », a martelé ce dimanche Michel Sapin, ministre des Finances.
Selon lui, «il faut expliquer, mais certainement pas lâcher», et aussi chercher «un moyen de sortir de quelque chose qui s'assimile à une impasse». «L'intérêt de ceux qui aujourd'hui prônent la grève, c'est de savoir arrêter la grève», a-t-il dit à l'adresse de la CGT.
Le scénario de Bruxelles
Pour la Commission européenne, le projet de réforme du gouvernement ne va pas assez loin. Bruxelles voudrait que le gestionnaire du réseau soit complètement indépendant de l’opérateur SNCF. C’est d’ailleurs pour cette solution que militait RFF… Et la Fédération des usagers. «Au début, nous y étions favorables. Mais finalement, le projet du gouvernement s’inspire du système déjà mis en place en Allemagne et il fonctionne», assure Fabrice Michel.
Outre-Rhin, la Deutsche Bahn (DB) gère en effet le transport et l’entretien du réseau, via deux structures distinctes, et le service est performant et concurrentiel, avec une cinquantaine de compagnies actives. La Fnaut s’oppose en revanche à une privatisation du gestionnaire du réseau, comme en Angleterre. «Depuis, la maintenance est déplorable et les accidents se multiplient».