Taxis contre VTC: Avantages et inconvénients du futur système pour ces professionnels du transport
TRANSPORTS•Les taxis protestent ce mercredi contre la concurrence des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) qu’ils considèrent «déloyale»…Romain Lescurieux
A Londres, à Madrid, à Berlin ou encore à Rome, une manifestation se tient ce mercredi. En effet, à l’appel des «black cabs» londoniens, plusieurs dizaines de milliers de taxis en Europe protestent contre la concurrence des VTC – particulièrement le leader du marché, Uber - qu’ils jugent «déloyale». A Paris, les chauffeurs de taxi affichent aussi leur opposition à certaines décisions du médiateur Thomas Thévenoud.
Moderniser les taxis et encadrer les VTC
Le député (PS) de Saône-et-Loire doit présenter cette semaine au groupe socialiste une proposition de loi comprenant dix mesures (cinq pour les taxis, cinq pour les VTC) sur les 30 du rapport remis au Premier ministre, Manuel Valls, en avril dernier. Le but: protéger et moderniser les taxis et mieux encadrer les VTC sans toutefois bloquer le développement de ces récents services.
Didier Hogrel, président de la FNDT (Fédération nationale du taxi), reconnaît de futurs avantages pour les taxis, comme le non-cumul de l’activité de taxi avec celle de VTC, la fin de la revente des licences qui seront rendues à l’Etat et l’encadrement de la course d’approche avec un tarif fixe. Deux évolutions en revanche sont perçues comme de «véritables inconvénients».
«L’ouverture de l’open data: un investissement coûteux et inutile»
Dans le texte, Thomas Thévénoud veut mettre en place la géolocalisation pour les taxis. Un client pourra ainsi voir en temps réel avec son smartphone la disponibilité d’un taxi et le commander. Un système qui faisait la force notamment d’Uber, qui le perd dans la bataille. Mais pour Didier Hogrel, ce système est «un investissement coûteux et inutile». «On va être obligé de changer les compteurs», s’exclame-t-il. De plus «cette ouverture de l’open data, pourra permettre à Uber de se servir de nos données». Ce point de vue n’est toutefois pas partagé par tous les syndicats de taxis, comme la CGT.
Didier Hogrel voit également dans la couleur unique des taxis - sobre avec un dispositif d’identification - un inconvénient. Du moins dans sa mise en œuvre. «Qui va décider: Les maires? Les préfets? Les conseils généraux? Le texte est encore flou», déplore-t-il.
«Mais ces questions sont accessoires face à la concurrence déloyale d’Uber», indique-t-il. «Le déséquilibre des charges n’est pas réglé. Ils ne sont pas assujettis à la TVA, à un tarif minimum, ils ne sont pas propriétaires de leur véhicule, ils ne sont pas soumis aux assurances "passagers transportés à titre onéreux"», énumère Didier Hogrel. Pour lui, «aucune solution pragmatique n’a été apportée à ce sujet».
VTC: Interdiction du «maraudage électronique»
De leur côté, les VTC verront avec ce texte des modifications concernant notamment les conditions d’immatriculation, et surtout le «maraudage électronique», qui leur sera interdit. En effet, conformément au rapport Thévenoud, le texte de loi prévoit que les chauffeurs ne pourront plus avoir recours à cette pratique et devront être commandés à l’avance. «Interdire la géolocalisation des VTC viendrait artificiellement amputer l’une des fonctions clefs de l’application Uber, sans pour autant répondre à la problématique posée par le racolage clandestin, que nous dénonçons fermement», affirme Pierre-Dimitri Gore-Coty, directeur France d’Uber
Le texte prévoit également que les immatriculations - qui sont pour l’instant temporairement gelées - seront accordées uniquement aux chauffeurs dotées d’une certification professionnelle et aux entreprises ayant démontré leur capacité financière. De nombreuses contraintes, donc, pour les sites et applications comme SnapCar et Uber, plus particulièrement dans le viseur. «Certaines des mesures proposées sont inquiétantes car visent à protéger une industrie au détriment du consommateur», tient à préciser Pierre Dimitri Gore-Coty.