Télécoms: 5 questions pour comprendre la consolidation en cours
TELECOMS•«20 Minutes» vous explique pourquoi les opérateurs se rapprochent et ce que les consommateurs doivent en attendre à l'occasion de la publication ce mardi du Digiworld Year Book , par le laboratoire d’idées sur l’économie numérique Idate...Bertrand de Volontat
Rachat de SFR par Numericable en avril, négociations exclusives entre Numericable et Virgin Mobile en mai, discussions entre Bouygues et Orange, le secteur des télécoms français est riche en annonces et rumeurs de consolidation. Gros plan sur l’avenir d’un marché hexagonal sous pression et sur ce qui attend les abonnés français.
Pourquoi la consolidation en France s’accélère-t-elle?
Nous sommes sur de grosses évolutions technologiques, qui nécessitent de gros investissements. «Les petits acteurs du marché ont du mal à suivre, explique Mathieu Drida, PDG de Meilleurmobile.com. Il y a également un facteur de convergence entre les offres fixes et mobiles». Le consommateur choisit désormais le même opérateur pour l’ensemble de ses services (Internet, téléphonie fixe, mobile, TV…). Et, il est important pour les opérateurs, pour amortir leurs investissements, d’avoir le plus grand nombre d’abonnés et d’augmenter l’Arpu (le revenu moyen par abonné et par an). Face à la chute de leurs revenus depuis 2008 (-12 %) les opérateurs traditionnels cherchent aussi à dégager à nouveau de la marge pour réinvestir dans le développement d’une nouvelle architecture de réseaux. «Aujourd’hui la vraie demande des abonnés, c’est une connectivité 24/7 et partout, affirme François Barrault, PDG d’Idate. Ce sont donc des investissements importants pour les opérateurs traditionnels, que ne feront jamais les acteurs dits «Over-the-Top» (les OTT, comme Google, Apple)».
Va-t-elle se poursuivre?
Si Virgin Mobile est racheté (Numericable a annoncé ce vendredi être en négociations exclusives pour racheter l’opérateur virtuel, sur la base d’une valeur d’entreprise de 325 millions d’euros), des acteurs comme NRJ Mobile ou La Poste Mobile eux survivront et bénéficieront des évolutions des opérateurs traditionnels», assure Mathieu Drida. Pour le reste, ce sera un effet domino. Les opérations, comme un éventuel rachat de Bouygues par Orange, dépendront de la bonne tenue des transactions en cours en France, mais aussi à l’international comme en Allemagne où la fusion du numéro 3 et 4 du marché est en cours. «Jusqu’à fin 2014, comptez surtout sur des rumeurs», précise le directeur général d’Idate. «Entre l’autorité de la concurrence, l’Arcep, et la commission européenne, le champ d’action est réduit, analyse le président d’Idate. Et les ministres et ministres délégués tournent plus vite que les cycles des télécoms.»
Comment va-t-elle évoluer?
L’étape suivante sera la convergence au niveau européen. «Il y aura des opérations transfrontalières au sein de l’Union européenne», affirme l’Idate. En ce qui concerne la consolidation des contenus comme aux Etats-Unis cette semaine, entre l’opérateur AT & T et le producteur de contenus DirectTV, «cela semble compliqué car les contenus sont très nationaux, entre chaque pays de l’UE». «En France, cela semble réalisable», estime Mathieu Drida.
Le consommateur va-t-il profiter de cette consolidation?
«Si les opérateurs ne réalisent pas de marge, c’est aussi mauvais pour les consommateurs», estime François Barrault. En clair, ces rapprochements permettront de réaliser les synergies et les économies nécessaires pour développer des réseaux et des offres de qualité attendus par les abonnés. Dans un communiqué, Orange explique ainsi qu’une «consolidation du marché mobile français serait positive à long terme tant pour l’investissement que pour le consommateur» et explique «explorer les opportunités qu’offre la recomposition en cours du paysage français des télécoms».
Les prix des forfaits vont-ils s’envoler?
Il ne faut pas penser que la consolidation rime avec hausse des tarifs. Sur les offres existantes, il n’y aura pas d’évolution des prix. Les MVNO vont rester une alternative low-cost pour le consommateur car le prix reste le seul paramètre de concurrence. «Il faut pouvoir proposer d’une formule all you can eat low-cost à une gamme de services premium payante, poursuit François Barrault. Il y aura du teaser et du premium comme avec la presse, avec une partie gratuite pour valoriser la marque». Et d’ajouter. «Nous cherchons de nouveaux modèles haut de gamme». «Va-t-on payer le juste prix sur la 4G et la 5G, quand la concurrence sera plus faible? Ou cela sera-t-il le même phénomène que pour l’ADSL ou les prix avait été fixé à la hausse avant d’être cassé?», conclut Mathieu Drida.