ECONOMIELa Redoute et Les 3 Suisses se cherchent un avenir tout Net

La Redoute et Les 3 Suisses se cherchent un avenir tout Net

ECONOMIELes deux groupes historiques de la vente à distance, qui ont confirmé cette semaine des suppressions d’emplois, s’adaptent dans la douleur au modèle de la vente en ligne…
Nicolas Beunaiche

Nicolas Beunaiche

Une page se tourne pour les 3 Suisses et La Redoute. Dans la foulée de sa concurrente, cette dernière a annoncé ce mercredi la mort de son «gros catalogue» à l’horizon 2015, pour mieux réussir son virage vers le Web. Mais le nouveau chapitre dans l’histoire du secteur de la vente à distance (VAD) ne s’annonce pas forcément réjouissant. Derrière l’aspect anecdotique de la nouvelle, ce sont en effet plus de 1.000 suppressions de postes qui s’annoncent chez La Redoute, près de 200 pour Les 3 Suisses… et une petite révolution pour ces deux acteurs historiques de la VAD.

A l’heure du tout-puissant e-commerce, ces anciens spécialistes de la vente par correspondance ne partent évidemment pas de zéro. «La Redoute réalise quand même 80 % de son activité sur le Web et fait partie des gros sites marchands, rappelle Yannick Franc, consultant chez Javelin Group. Il y a peu de sites en France qui font 700 à 800 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le Web. Avec Les 3 Suisses, ce sont des poids lourds de l’e-commerce.» Mais ils souffrent tout de même de la concurrence d’acteurs comme Amazon, Asos ou Venteprivée.com, nés en ligne.

L’exemple Zara

«Il est toujours plus facile de partir d’une page blanche, justifie Olivier Disle, responsable du pôle action marketing à l’Obsoco. Et à l’inverse, il est très difficile de réinventer son business quand on a accumulé une expérience.» «Plus une entreprise est grosse, plus il est compliqué de la transformer et plus ça met de temps», abonde Yannick Franc.

Il faudra pourtant bien séduire des clients dont le mode de consommation a bien changé depuis l’âge d’or du catalogue. Internet est apparu, et avec lui un consommateur de moins en moins fidèle, qui ne jure que par le rapport qualité-prix. «Ses attentes ont aussi grandi en termes de changements et de réactivité», renchérit Yannick Franc, qui cite l’exemple de Zara, capable de renouveler ses collections tous les quinze jours.

L’autre vie du catalogue

Le défi est immense. Mais La Redoute comme Les 3 Suisses ont des idées pour le relever. La semaine dernière, cette dernière s’est justement donné comme objectifs de s’adapter au renouvellement de plus en plus rapide de la mode et à la nécessité d’une réactivité en termes de prix plus grande face à la concurrence. Pour attirer le client, le groupe a révélé son intention d’offrir la livraison en points-relais à partir de 49 euros de commande, de passer à un prix unique toutes tailles et, à la rentrée, de réinvestir dans la communication autour de la marque.

De son côté, La Redoute compte injecter 80 millions d’euros pour transformer et simplifier sa logistique, de manière à pouvoir traiter des commandes en deux heures, contre presque deux jours actuellement, et augmenter ses capacités de traitement de 160.000 à 400.000 petits articles. Mieux équipée, ont promis mercredi les repreneurs, La Redoute pourrait livrer son client le jour même dans les grandes villes. Quant aux catalogues, elle ne les abandonne pas complètement: l’épais volume disparaît bel et bien mais il devrait laisser place à des recueils plus petits et thématiques pour accompagner le renouvellement plus fréquent des collections. Si elle n’interdit pas de conserver certaines bonnes vieilles recettes, la révolution a en tout cas bel et bien commencé.