Pourquoi les séjours de dernières minutes sont en perte de vitesse
TOURISME•Les formules packagées à réserver quelques jours avant son départ sont concurrencées par les offres de premières minutes...Delphine Bancaud
Une semaine en Grèce pour 400 euros tout compris avec un départ prévu dans cinq jours. Cette proposition alléchante sera difficile à dénicher sur Internet cette semaine, pour qui souhaite partir en vacances de Pâques au dernier moment. Car selon plusieurs spécialistes du tourisme, les séjours packagés de dernière minute seraient moins tendance qu’il y a quelques années.
«Augmenter les marges»
Un phénomène qui s’explique d’abord par la transformation de l’offre touristique, comme l’explique Guy Raffour, PDG du cabinet d’études marketing Raffour, spécialisé dans le tourisme: «Après le printemps arabe, les tour-opérateurs se sont retrouvés avec des stocks importants de séjours pour la Tunisie, l’Egypte ou le Maroc sur les bras. Cela leur a servi de leçon et ils ont décidé de réduire leurs stocks pour mieux ajuster l’offre à la demande et augmenter ainsi leurs marges».
Une réalité que confirme aussi Frédéric Pilloud, directeur marketing d’Opodo France: «l’an dernier, les tour-opérateurs ont réduit leur offre de 30% ce qui a mécaniquement diminué le nombre de produits déstockés». Certains voyagistes qui communiquaient beaucoup sur les dernières minutes, ont aussi changé leur positionnement. Nouvelles Frontières a ainsi supprimé ses fameuses enchères qui permettaient aux internautes avisés de dégoter des séjours de dernière minute à des prix très avantageux.
De moins bonnes affaires
Les voyageurs sont aussi en partie responsables du moindre succès des séjours à la dernière minute. Car les spontanés, prêts à boucler leur valise au dernier moment, semblent moins nombreux, ainsi que le montre une étude du cabinet Protourisme parue le mois dernier.
Selon celle-ci, seulement 2% des personnes qui comptent partir cet été souhaitent réserver leur séjour une semaine à l’avance et 6 % 15 jours à l’avance. «La majorité des partants (55 %) planifie ses vacances entre 2 et 5 mois à l’avance, car ils veulent avoir le choix dans la destination, l’hôtel… Or, en réservant au dernier moment, les concessions faites par rapport au voyage de leurs rêves sont parfois très importantes», explique Didier Arino, directeur de Protourisme. A certaines périodes, comme au mois d’août par exemple, il est également très difficile de trouver des offres packagées de dernière minute.
Par ailleurs, les offres de dernière minute ne seraient plus d’aussi bonnes affaires qu’il y a quelques années. «La grande braderie, c’est fini», résume ainsi René-Marc Chikli, président du syndicat des entreprises du tout opérating. «Les industriels du tourisme sont allés trop loin sur le prix des dernières minutes, donc les séjours sont désormais proposés à des tarifs plus cohérents», renchérit Frédéric Pilloud.
Ces formules subissent aussi la concurrence des «early booking», qui se sont fortement développés depuis deux ans. «Les consommateurs ont compris qu’en réservant très tôt, ils pouvaient non seulement obtenir des ristournes de 5 à 20%, mais aussi bénéficier d’un choix de séjours très large. Et c’est l’occasion pour les voyagistes de mieux gérer leurs réservations, donc leurs marges», souligne Guy Raffour.
Consommateurs plus avisés, les Français sont aussi de plus en plus nombreux à concocter leurs voyages eux-mêmes… en sélectionnant le vol d’un côté et l’hôtel de l’autre pour trouver le meilleur rapport qualité-prix.