Ouvrir une boîte de nuit est-il un bon business?
BUSINESS•Discom, le salon des professionnels de la nuit se tient du 6 au 8 avril 2014, alors que le secteur de la vie nocturne est en pleine mutation…Romain Lescurieux
Lunettes de soleil, danseuses et enceintes qui crachent du son… les professionnels du monde de la nuit se croisent depuis dimanche 6 avril dans les allées du Salon Discom qui se tient à Porte de Versailles, jusqu’au 8 avril. Tous viennent voir les nouveautés du secteur pour booster leur activité. Ou même se lancer dans ce monde de la vie nocturne.
«Un investissement entre 1,5 et 2 millions d’euros»
Frank Russel, ancien chanteur-compositeur, ouvre une boîte de nuit à Genève en septembre. Le salon Discom est alors un bon moyen d’observer les dernières tendances pour son business. Car il monte son établissement de A à Z. «J’ai acheté le fonds de commerce, puis j’ai fait reconstruire, insonoriser etc». Après avoir fait appel à des architectes et ingénieurs, il lui faut désormais s’occuper du matériel musical, du bar ou encore des lumières.
«En tout, cela représente un investissement entre 1,5 million et 2 millions d’euros», affirme-t-il. Frank Russel se montre serein: «Ma boîte de nuit devrait être rentable dans trois ans, pour dégager ensuite deux millions de bénéfices par an.»
«Davantage de soirées chez eux»
Aux alentours des stands, tous n’affichent pas la même confiance. Il y a deux ans et demi, Xavier est devenu propriétaire d’une boîte de nuit à Chaumont (Haute-Marne). Son investissement de départ était de 1,3 million d’euros. Il a dû construire le bâtiment, assurer la décoration, embaucher des salariés, payer la licence de débit de boisson «aux alentours de 10.000 euros», un forfait SACEM qui représente «4,65 % de 35 % du chiffre d’affaires», grimace-t-il.
Mais Xavier ne veut pas s’étendre sur les chiffres. Sa clientèle peine à venir au fil des années. «La fréquentation est en baisse. La situation est plus compliquée qu’avant car désormais les gens organisent davantage de soirées chez eux», confie-t-il.
Un secteur en pleine mutation
Pour Pierre Chambon, responsable de la branche Nuit pour l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) le problème ne vient pas de la crise économique. Le budget pour sortir n’a pas «spécialement baissé» et les Français ont «eu et auront toujours besoin de cet exutoire», commente-t-il. Mais la nuit ne se consomme plus comme avant.
«Désormais, pour fonctionner sur le marché de la vie nocturne, il faut proposer l’afterwork, le restaurant et la soirée. Ce sont ces établissements hybrides qui attirent les gens», poursuit-il. «Celui qui ouvre aujourd’hui une boîte de nuit comme on l’entendait il y a une dizaine d’années ne peut qu’aller mal», explique Pierre Chambon. Sur une vingtaine d’années, la France est passée de «10.000 à 2.000 établissements de nuit purs», relève le responsable de l’UMIH.
Enfin, selon lui, le problème vient aussi de la législation. «Juridiquement, c’est devenu de plus en plus compliqué d’exploiter ce type d’établissement. Depuis 20 ans, le comportement des pouvoirs publics tue la nuit dans la société. Les gens s’écartent de ces lieux et la rue est devenue le plus grand bistrot de France», déplore-t-il.