INTERVIEW«Les prévisions de l’Insee sur la consommation des ménages sont trop optimistes»

«Les prévisions de l’Insee sur la consommation des ménages sont trop optimistes»

INTERVIEWMarion Cochard, économiste à l’OFCE, commente la note de conjoncture de l’Insee…
Bertrand de Volontat

Bertrand de Volontat

«La reprise resterait modeste au premier semestre 2014», résume l’Insee dans sa note de conjoncture publiée ce jeudi. L’économie française est «dans une phase de reprise mais sans accélération», a aussi estimé l’Insee qui prévoit une croissance «modeste» au premier semestre, au cours duquel le taux de chômage devrait rester stable, confirmant l’équation économique difficile du gouvernement Valls. La consommation des ménages, qui a nettement progressé à la fin de l’année dernière devrait avoir diminué de 0,3 % sur janvier-mars puis rebondir de 0,6 % au deuxième trimestre. Au premier semestre le pouvoir d’achat devrait se redresser, gagnant 1,0 % au premier trimestre puis 0,1 % sur les trois mois suivants. L’Insee prévoit une hausse de 0,6 % entre mi-2013 et mi-2014. Marion Cochard, économiste à l’OFCE, tempère ces chiffres.

La note de l’Insee vous paraît-elle trop optimiste?

Dans l’ensemble, cela ne me paraît pas trop optimiste. Nos prévisions sont même au-dessus à l’OFCE, avec des prévisions de croissance à 0,2 % au premier trimestre et 0,4 % sur le second. Le pays est tout de même à un bon rythme de croissance pour une période de rebond après une crise, comparée aux crises de ces trente dernières années. Toutefois, ces chiffres restent insuffisants pour faire baisser le chômage. Mais la situation s’améliore, c’est une phase de reprise molle mais de reprise quand même.

Peut-on promettre aux classes moyennes que leur consommation va redémarrer?

Si nous sommes optimistes, nous ne sommes pas de l’avis de l’Insee sur les composantes et l’origine de la reprise. Premièrement, il y a un effet TVA qui joue sur le premier trimestre. Deuxièmement, nous ne partageons pas l’intensité du rebond sur la consommation des ménages. Nos prévisions sont de 0 et 0,1 % aux deux premiers trimestres. 0,6 %, c’est trop optimiste. Il faut tout de même se rappeler qu’en 2014, la fiscalité pèse sur les ménages. Pour l’Insee, le rebond de la consommation s’explique par une stabilisation du chômage suivi d’une baisse du taux d’épargne des ménages et d’une hausse des salaires. Or la situation du marché du chômage se dégrade certes moins vite mais le chômage ne va pas baisser. Et le revenu des ménages va être atteint par la politique budgétaire cette année. La croissance va plutôt être tirée par le commerce extérieur.

Les classes moyennes peuvent-elles espérer dans le futur proche?

Tout d’abord, c’est l’investissement des entreprises, moteur de la reprise, qui va mieux redémarrer, notamment grâce au CICE et au fait que les capacités de production limitées de certaines entreprises vont les pousser à investir. En revanche, du côté des ménages, l’année 2015 sera meilleure avec des conditions plus favorables, portées par une fiscalité qui pourrait baisser ainsi qu’un taux de chômage en recul.