Brevets: l'ombre de Google plane sur le procès Apple/Samsung
L'ombre de Google a plané mardi au deuxième jour du nouveau procès sur les brevets qui opposent aux Etats-Unis les deux géants des smartphones Samsung et Apple.© 2014 AFP
L'ombre de Google a plané mardi au deuxième jour du nouveau procès sur les brevets qui opposent aux Etats-Unis les deux géants des smartphones Samsung et Apple.
Apple et Samsung s'accusent mutuellement dans un tribunal de San José en Californie (ouest) de violations de brevets sur une série de modèles de téléphones et de tablettes, dont l'iPhone 5 du groupe américain et le Galaxy S3 avec lequel le sud-coréen lui a répliqué sur le créneau haut de gamme, sortis tous les deux en 2012.
En s'en prenant à Samsung, Apple mène en réalité «une attaque contre Android», le système d'exploitation mobile de Google, a indiqué mardi lors de la première exposition de ses arguments aux jurés l'avocat du groupe sud-coréen, John Quinn.
«Apple essaye de limiter le choix des consommateurs et de gagner un avantage injuste sur (le logiciel) Android de Google», et de «gagner devant vous, dans ce tribunal, ce qu'il a perdu sur le marché», a-t-il accusé.
Android s'est en effet imposé désormais comme le premier système d'exploitation sur le marché mondial des smartphones comme des tablettes, détrônant iOS, le logiciel qui fait tourner l'iPhone et la tablette iPad d'Apple. Google laisse toute une série de fabricants utiliser Android, mais Samsung, premier fabricant mondial de smartphones, est le plus en vue.
- Apple veut 2 milliards de dollars -
Les audiences se tiennent dans le même tribunal de la Silicon Valley et devant la même juge, Lucy Koh, que pour deux autres procès très suivis en 2012 et 2013, qui s'étaient soldés par 930 millions de dollars d'amendes pour Samsung. Ce dernier a fait appel.
La facture pourrait être encore plus lourde cette fois, car les modèles concernés sont plus récents et se sont mieux vendus que ceux au coeur des débats précédents.
Apple réclame plus de 2 milliards de dollars de dédommagements, accusant Samsung d'avoir vendu aux Etats-Unis plus de 37 millions de smartphones et de tablettes violant ses brevets.
Ces derniers recouvrent des techniques de déblocage des écrans tactiles par gestes, de correction automatique des mots en cours d'écriture, d'accès aux données recherchées par l'utilisateur et de réalisation d'actions sur ces données, par exemple passer automatiquement un appel une fois trouvé un numéro de téléphone.
L'avocat de Samsung a fait valoir qu'une bonne partie de ces fonctions étaient en fait intégrées à Android.
«Cette affaire ne concerne pas Google», a toutefois assuré mardi aux jurés l'avocat du groupe à la pomme, Harold McElhinny. «C'est Samsung, pas Google, qui a choisi de mettre ces fonctionnalités dans ses téléphones».
- Possibles interdictions de vente -
La juge Koh a prévu d'accorder 25 heures à chacune des deux parties pour exposer leurs preuves. A raison de trois audiences par semaine (lundi, mardi et vendredi), elle a dit aux jurés de tabler sur un procès d'environ deux mois.
L'avocat d'Apple a annoncé qu'il montrerait entre autres aux jurés des documents et messages internes de Samsung montrant que ce dernier souffrait d'une «crise de conception» pour ses produits, l'ayant conduit à copier ceux du groupe américain.
Du côté du groupe sud-coréen, Me Quinn a promis d'appeler à la barre des ingénieurs de Google qui expliqueront comment ils ont conçu de manière indépendante le logiciel Android.
Les bras de fer judiciaires à répétition d'Apple et Samsung aux Etats-Unis, qui s'ajoutent à une série de procès dans d'autres pays aux résultats jusqu'ici variables, entrent dans le cadre d'une «guerre des brevets» que se livrent actuellement les grands groupes technologiques mondiaux.
Malgré sa première victoire en Californie, Apple n'avait pas réussi à convaincre la juge Koh d'interdire la vente d'appareils Samsung aux Etats-Unis.
Toute nouvelle victoire débouchera probablement sur de nouvelles tentatives, et lui fournirait aussi des munitions légales pour s'attaquer à des modèles plus récents, voire pas encore sortis, s'ils utilisent les mêmes technologies.