Coup de froid sur les ventes de surgelés
CONSOMMATION•Les foyers français ont limité leurs achats de produits surgelés...Céline Boff
Evidemment, il y a eu le horsegate. Le scandale de la viande de cheval frauduleusement substituée à la viande de bœuf a pesé sur les ventes des surgelés. «2013 a été une annus horribilis», résume Frédéric Jaubert, président des Entreprises des glaces et surgelés, le syndicat du secteur.
Si la quasi-totalité des ménages achètent des surgelés (97,6% de la population), l’an dernier, ils ont limité leurs dépenses, en consacrant 7 euros de moins à ces produits. Résultat: les ventes des surgelés ont chuté de -2,2% en volumes et de -1,2% en valeur, pour atteindre 9,1 milliards d’euros. La chute est encore plus forte si l’on se concentre sur la seule consommation à domicile, avec un recul de -2,8% en volumes et de -2% en valeur, à 5,5 milliards d’euros.
Les ménages misent sur la qualité
Les plats préparés ont logiquement accusé le coup, avec des achats en baisse de -9%. Mais ils ne sont pas les seuls à boire la tasse: les viandes mais aussi les poissons, les crustacés et les mollusques sont en fort recul, à respectivement -3,6% et -11,4%. Quant aux poids lourds des surgelés – les pizzas et les pommes de terre- leurs ventes stagnent.
D’après une enquête réalisée par Kantar Worldplanet, plus de sept consommateurs sur dix (72,4%) s’inquiètent de la sécurité alimentaire des produits, notamment ceux à base de viande. Mais la perte de confiance liée au horsegate n’explique pas à elle seule l’érosion de la consommation des surgelés, constatée depuis 2010.
«Au-delà des surgelés, les ménages ont acheté moins de produits alimentaires l’an dernier, mais ils ont consacré à ces achats 40 euros de plus. Cela prouve que les citoyens misent sur la qualité. D’ailleurs, ce critère est désormais la première préoccupation à l’achat, devant le prix, et c’est une nouveauté», avance Julia Burtin, manager chez Kantar Worldpanel.
Les glaces ne connaissent pas la crise
Pour cette experte, les Français veulent reprendre le contrôle de ce qu’ils consomment, réinvestir les fourneaux et manger sain. Cette tendance explique le retour aux produits bruts… Et les jolies ventes enregistrées par les légumes surgelés l’an dernier (+2%).
Et puis, il y a les glaces. Leur consommation à domicile a également progressé en 2013, de +2% en volumes et +3% en valeur. Les ménages en ont dégusté en moyenne 9,5 litres et il s’en est vendu autant qu’en 2003, l’année de la canicule. La météo y est d’ailleurs pour beaucoup: malgré un mois de juin exécrable, les températures clémentes en juillet et en août ont favorisé les achats. La hausse de la consommation, qui a profité à l’ensemble des marques, y compris celles des distributeurs, se retrouve dans tous les foyers, même les plus modestes. Ce sont d’ailleurs ceux qui consomment le plus de glaces.
Au-delà de ces mets givrés, les ventes de l’ensemble des douceurs sucrées – chocolat, confiserie, etc.- sont en progression. Pour Julia Burtin, cela prouve qu’en temps de crise, «les consommateurs privilégient les produits doudous, qui constituent une véritable valeur refuge».