SOCIALComment les entreprises tentent de lutter contre les troubles musculo-squelettiques

Comment les entreprises tentent de lutter contre les troubles musculo-squelettiques

SOCIALConscientes de l'impact négatif des troubles musculo-squelettiques sur leur activité, les entreprises se mobilisent de plus en plus pour endiguer ce fléau...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Un fléau qui coûte cher. Alors que plusieurs agences régionales de santé démarrent ce mercredi une semaine de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS), les entreprises ne sont pas en reste pour combattre ces pathologies.

Car l’enjeu est de taille: selon les derniers chiffres de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés, les TMS ont généré 8,5 millions de journées de travail perdues pour les entreprises en 2012. En posant des problèmes de gestion des absences, de recrutement, d’adaptation de postes…

L’accent sur la prévention

«Conscientes du coût que représentent pour elles les arrêts maladies dus au TMS, les entreprises de certains secteurs (propreté, manufacture, automobile…) ont commencé à se mobiliser depuis quelques années», constate Jean-Christophe Sciberras, président de l’Association nationale des DRH. Et avec les reports successifs de l’âge de départ à la retraite, les entreprises ont plus que jamais conscience qu’elles ont besoin de préserver la santé de leurs salariés pour maintenir leur productivité», analyse Agnès Aublet-Cuvelier, chef du département Homme au travail à l’Institut nationale de recherche et sécurité.

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«Elles ont notamment progressé en matière de prévention des TMS car elles n’hésitent plus à former leurs managers, leurs services des ressources humaines et les membres des CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail)», constate Evelyne Escriva, chargée de mission santé et travail à l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail). Une sensibilisation favorisée aussi par les campagnes de communication gouvernementales sur le sujet en 2009, 2010 et 2011. «Les branches professionnelles et les clubs d’entreprises jouent également un rôle important en accompagnant leurs adhérents dans la mise en place de plan d’actions dans ce domaine», explique Evelyne Escriva.

Toucher à l’organisation du travail

«Désormais les entreprises savent aussi mieux dépister précocement les TMS, ce qui permet de diminuer les pathologies irréversibles», note Agnès Aublet-Cuvelier. Les services de santé au travail ont mis notamment en place des questionnaires qui permettent de déceler plus facilement la nature des troubles subis par certains salariés, lors de leurs visites médicales obligatoires.

«Les entreprises mettent plus souvent en place une réorganisation du travail permettant de faire tourner les salariés sur différentes tâches afin qu’ils ne répètent pas longtemps les mêmes gestes. Et elles n’hésitent plus à adapter certains postes avec un ergonome», explique ainsi Jean-Christophe Sciberras. L’amélioration de l’équipement des ouvriers fait aussi partie de la boîte à outils pour améliorer leurs conditions de travail.

Mais malgré ces progrès, de nombreuses mesures restent à prendre pour lutter contre les TMS. «La sous-déclaration des TMS par les salariés est persistante car beaucoup ont encore peur d’être stigmatisés ou même d’être licenciés en raison de leurs maux», constate Agnès Aublet-Cuvelier. D’où l’importance de continuer à sensibiliser les chefs d’entreprise, notamment dans le secteur des services.