ETUDESanté au travail: La situation des femmes se dégrade

Santé au travail: La situation des femmes se dégrade

ETUDEL'Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail démontre une explosion des accidents du travail et surtout, des maladies professionnelles chez les femmes...
Céline Boff

C.B.

L’inégalité ne semble épargner aucun aspect de la vie quotidienne. Pas même celui de la santé au travail. C’est du moins ce qui ressort d’une enquête réalisée par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Pour la première fois, cette agence a cherché à savoir qui, des femmes ou des hommes, étaient les plus sujets aux accidents du travail et aux maladies professionnelles. Les résultats sont alarmants.

Les accidents du travail

Une bonne nouvelle tout de même: entre 2001 et 2012, le nombre global d’accidents du travail a baissé de 13,8 %. Mais cette diminution occulte une nette différence selon le sexe. Ainsi, si le nombre d’accidents du travail a reculé de 23,3 % pour les hommes, il a progressé quasi d’autant chez les femmes (+20,3 %). Malgré ces évolutions opposées, les hommes sont toujours les principales victimes de ces sinistres (67,5 %).

Selon les sexes, les accidents du travail ne se déroulent pas dans les mêmes branches. Pour les hommes, ils sont principalement concentrés dans le BTP et les industries des transports, de l’eau, du gaz et de l’électricité. Pour les femmes, ces accidents ont surtout lieu dans les services de santé, le nettoyage et le travail temporaire et dans les services, commerces et industries de l’alimentation.

Les accidents sur les trajets domicile-travail

Depuis 2001, les accidents de trajet sont en baisse pour les hommes (-9 %) mais en progression pour les femmes (+15 %). «L’analyse statistique révèle qu’en 2012, les accidents de trajet concernent un peu plus les femmes (52,3 %) que les hommes (47,7 %)», souligne également l’Anact.

Cette année-là, les deux branches d’activité qui ont enregistré le plus d’accidents de trajet concernant des femmes sont les services, la santé, le nettoyage et le travail temporaire et les secteurs de la banque, des assurances et des administrations.

Les maladies professionnelles

Les maladies professionnelles ont malheureusement explosé pour les deux sexes entre 2001 et 2012, mais près de deux fois plus vite chez les femmes, avec une hausse de 169,8 %, contre 91,2 % pour les hommes.

Si les maladies professionnelles touchent désormais autant les hommes (51,1 %) que les femmes (48,9 %), elles sont bien souvent plus graves chez les premiers. Ainsi, l’indice de gravité des maladies professionnelles des hommes est nettement plus fort -2,5 fois- que celui des femmes. Comme le souligne l’Anact, «les femmes ont plus de risque de troubles musculo-squelettiques (TMS) et les hommes sont surexposés aux cancers professionnels: 97 % des reconnaissances de cancers professionnels les concernent».

Les hommes frappés par une maladie professionnelle exercent surtout dans le BTP et la métallurgie, tandis que les femmes la contractent alors qu’elles travaillent dans les services, les commerces et les industries de l’alimentation, ou encore dans la santé, le nettoyage et le travail temporaire.

Au final, «cette synthèse permet d’avancer que les différences constatées en termes de sinistralité des femmes et des hommes renvoient pour grande partie à une exposition différenciée liée à des métiers distincts», analyse l’Anact.

Pour l’agence, il existe cependant «une sous-évaluation de l’exposition aux risques et pénibilités des femmes dans certains de leurs emplois, métiers ou secteurs qui est plus marquée que pour les hommes». L’Anact estime que ce fait est lié «à une invisibilité des risques pour certains emplois ou secteurs à prédominance féminine (service, soin, commerce, administratif…) compte tenu du fait qu’ils ont été longtemps considérés comme «légers» au contraire des emplois ou secteurs «lourds» à prédominance masculine (BTP, industrie, énergie…)».