SANTELe boom des pharmacies low-cost

Le boom des pharmacies low-cost

SANTEAvec des prix bas et un large choix, les pharmacies discount séduisent les Français, toujours grands consommateurs de médicaments…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Citypharma, Prado-Mermoz, Lafayette, cassent les prix et les codes. Ces pharmacies «low-cost» qui attirent de plus en plus de clients, continuent leur ascension commencée il y a quelques années déjà. Le réseau Pharmacie Lafayette, fondé en 2005 à Toulouse, compte aujourd’hui 53 points de vente en France et ouvrira cette année ses premières officines en Ile-de-France. «Nous comptons atteindre les 150 pharmacies en 2017», commente Hervé Jouves, directeur général du réseau. Un développement qui répond à une demande toujours plus forte.

«Le marché de la santé en France est en croissance. D’une part la population française vieillit et d’autre part elle surconsomme des médicaments (48 boîtes en moyenne, par an et par habitant), tout en ayant recours à l’automédication», explique Yves Marin, consultant en santé et consommation pour le cabinet Kurt Salmon.

Des prix de 25 à 30% moins chers

Dans des espaces, parfois de 1.000m2, les rayons abondent de vitamines, de compléments alimentaires ou de produits cosmétiques. Si les clients affluent, c’est pour ce large choix mais surtout pour des tarifs bas. «Les prix sont de 25 à 30% moins élevés que dans une pharmacie traditionnelle, hors médicaments sur ordonnance dont les tarifs sont réglementés», note Yves Marin. Le secret d’une telle différence de prix: des marges faibles et des achats en grande quantité.

«Grâce à un effort significatif sur les marges et à un volume de ventes très importantes le réseau a pu négocier plus de 180 accords avec les laboratoires», selon le réseau Pharmacie Lafayette. Le groupe annonce également 35.000 passages en caisse par jour dans ses 53 pharmacies. «Le terme discount est souvent dénigré, mais nous sommes des pharmacies comme les autres avec des professionnels de santé diplômés», tient à rassurer Hervé Jouves.

«Ça reste tout de même des produits de santé»

«Certes, il y a un agacement quand un concurrent fait le choix de rentrer dans l’un de ses réseaux mais personne ne se marche sur les pieds», expose Philippe Besset, vice-président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF). «De toute façon, la concurrence existe depuis 1986 et la levée de la réglementation du prix des OTC (Over the counter)», ajoute-t-il. Et c’est sur ces médicaments en vente libre et la parapharmacie que le réseau discount fait la différence. Tout comme la grande distribution, qui n’est pas en reste sur ce marché porteur.

En effet, à la suite de la publication de la loi Hamon -autorisant notamment la vente des tests de grossesse dans les supermarchés- Michel Edouard Leclerc, le PDG des magasins Leclerc a de suite annoncé mercredi 19 mars qu’il commercialiserait ces produits pour un euro. Pour Philippe Besset, ces initiatives ne remettent pas en cause le travail des pharmaciens: «85% de l’activité d’une officine traditionnelle reste les médicaments prescrits et remboursables. De plus, grâce au générique, nous restons compétitifs face au discount».

Mais le vice-président de la FSPF demande toutefois des mesures. «Si je ne vois aucun problème pour la commercialisation de la parapharmacie dans différents réseaux, il faudrait par contre une réglementation des prix pour les médicaments en vente libre. Ça reste tout de même des produits de santé», lance-t-il.